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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Feux Rouges (Red Lights)
France / 2003
03.03.04
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EN PERDITION SUR LES SENTIERS
« Ce soir, je suis dans le tunnel ! »
Passionnellement obscur le dit « tunnel » ! Chronique d’un couple qui zigzague, voué à aller droit dans le mur pour mieux le franchir, s’il veut retrouver un minimum d’équilibre. Feux Rouges est un psychodrame à la fois opaque et limpide. Un certain mélange de mystère et de réalisme épuré, dont l’efficacité reste très relative : le film est scindé en trois parties inégales avec un volet central qui coince et met l’intrigue au point mort ; celui-là même, où les personnages de Darroussin et Bouquet sont séparés. Autant dire que le film doit beaucoup à la prestance des deux comédiens. Tous deux se donnent corps et âmes et investissent leurs personnages jusqu’à porter toute la narrativité du film. Mises en abîmes, traversées introspectives, parcours exploratoires, instauration d’un axe de lecture dominé par la notion d’ambivalence : leur duo, hyper productif en matière de suspense, est aussi surprenant que charismatique.
Secrets, non-dits, mensonges, doutes et fausses pistes sont au coeur de l’intrigue. Cap sur l’étrange, fort d’un contexte et d’une esthétique hors espace/temps. Une mise en scène de genre parfaitement maîtrisée, certes, mais qui, trop souvent, se suffit à elle-même. Le film y perd beaucoup. Nous l’évoquions plus haut : Feux Rouges est inégalement découpé en trois portions. Le milieu du film est régit par un hypodynamisme constant. Le procédé est volontaire et utile à l’histoire ; mais là, on tourne en rond au cours de cette longue mise en parenthèse, dont on ne mesure hélas les enjeux qu’au dénouement. Bien trop tard, donc, pour refaire le trajet en sens inverse. Et pourtant, que d’enjeux ! En matière de psychodrame orienté polar, ellipse, déplacement d’intrigue et rythme soutenu ne sont pourtant pas incompatibles ! Cette partie centrale de Feux Rouges est à la limite du Road Movie. Du coup, pendant ce temps là, faute d’action et d’intérêts psychologiques, on compte les kilomètres parcourus. Effet d’autant plus regrettable que les premiers et troisièmes volets du film prennent une direction littéralement opposée, haute en dramaturgie donc assurément captivante pour le spectateur dont l’imaginaire est sans cesse sollicité.
Fort de son registre, très axé sur le développement des affects négatifs (frustration, perdition, paranoïa amoureuse, passions destructrices, …) et l’hybridation des genres, Feux Rouges est un film qui oscille beaucoup trop entre banalité et étrangeté, et doit ainsi se raccrocher au talent de ses acteurs pour maintenir le cap du suspense. Une histoire de point de non-retour, d’accord ; mais là, à force de surréalisme, le film s’englue et semble chercher son sujet. On préférait de loin Roberto Succo. Décevant ! Sabrina
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