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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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L'Immortel
France / 2010
24.03.2010
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MORTEL TRANSFERT
«- A quoi ça sert l’honneur quand tu es mort ».
Précision d’avant chronique : L’Immortel est un polar à la française dit « mafieux » adapté d'un roman de Franz-Olivier Giesbert, réalisé par Richard Berry, produit par EuropCorp et interprétés, entre autre, par Jean Réno et Kad Mérad. Si le « réac » Taken a été évité de justesse, la faute artistique non. Pour autant, L’Immortel n’est pas un naufrage sur toute la ligne mais son caractère essentiellement manichéen, voire simpliste dans sa dramaturgie, ne peut relever le défi du grand film mafieux sentant le souffre, la vengeance sourde, le sang et la mort.
La propension avec laquelle le cinéaste construit des plans boursouflés, ultra maniérés et sur-démonstratifs n’y est sans doute pas étrangère. Berry s’évertue à appuyer là ou il aurait dû laisser parler cette histoire incroyable (un parrain de la mafia en « retraite » survit après avoir reçu 22 balles dans le corps) et, de fait, saucissonne une narration incapable de créer une véritable atmosphère tant la tension comme le dynamisme font défauts. Alors oui, il y a des règlements de compte, une scène de course poursuite en voiture, des exécutions et autres rebondissements propres aux films de gangsters. Mais en privilégiant la forme sur le fond, Richard Berry accouche d’un film trop basique dans sa dimension psychologique. On peut, sans méchanceté aucune, affirmer que le réalisateur propulse son Immortel dans la catégorie des représentations à l’esthétique recherchée mais passant complètement à côté de son sujet.
L'absence d'aura est préjudiciable
Car le problème ne vient pas de la vengeance elle-même, parfaitement légitime du point de vue de Charly Matteï comme celui du spectateur. Non, le hic concerne les procédés et le processus opératoire de cette loi du talion mise en image. Berry gravite autour de son parrain blessé sans lui donner l’aura qu’il mérite, tourne pour ainsi dire autour du pot et insiste beaucoup trop lourdement sur le côté amoral de son frère d’arme. La démonstration manque de subtilité et le côté rédemption sur le tard ne prend pas puisque l’Immortel nous entraine sur le terrain sablonneux du « méchant bon » (Jean Réno mi-figue mi-raisin) contre le « méchant méchant » (Kad Mérad risible passant complètement à côté de son rôle à contre emploi).
Cette vision caricaturale brise l’élan de crédibilité d’un long-métrage sans surprise, plutôt linéaire, traversé de scènes parfois violentes, rarement hypnotiques et circonscrites dans un faux rythme tape-à-l’œil à la limite de l’ennui. Ce revers artistique est pour le moins frustrant car Richard Berry, emporté par sa fougue, n’a pas réussi à canaliser sa caméra pour servir une histoire personnelle assez éloignée, en somme, du simple film de mafia. Le cheminement intérieur d’un Charly Matteï prisonnier de sa condition de « bandit » aurait sans doute mérité un peu plus d’attention dans le retrait. La morale sauve en forme d’happy-end en dit long sur la mièvrerie de cet Immortel incapable de fasciner.
geoffroy
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