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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Les arrivants
France / 2009
07.04.2010
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WELCOME !
"Ne te fâche pas parce que tu n’as pas les moyens. Ce qui te met en colère, c’est que tu ne peux pas répondre à leurs besoins."
On parle souvent des épreuves que doivent traverser les migrants pour rejoindre l’Europe, Eden supposé. Plus rarement s’intéresse-t-on à ce qui se passe après, une fois qu’ils ont atteint leur but. Avec Les arrivants, Claudine Bories et Patrice Chagnard trouvent la bonne distance pour raconter cette "arrivée" en forme de découverte d’un nouveau pays et des difficultés qui les y attendent. Pour ces hommes et ces femmes ayant parcouru des milliers de kilomètres avant de rejoindre la France, la fin du voyage n’est bien souvent que le point de départ d’un nouveau parcours du combattant.
Si l’aspect matériel est bien sûr important (se loger, se nourrir), le facteur humain est lui primordial, car c’est au fond par là que tout commence. Trouver un interlocuteur, se faire comprendre tant bien que mal et, pour les plus chanceux, entendre avec ravissement une voix inconnue s’exprimer soudain dans sa langue natale. La communication étant au centre de la relation qui se noue entre ces arrivants fatigués et souvent mal préparés (certains ignorent jusqu’au nom du pays dans lequel ils ont échoué) et les membres de la CAFDA qui les accueille, pénétrer le quotidien de cette association semble le point d’entrée rêvé pour découvrir les dessous d’une réalité plus souvent fantasmée que réellement décortiquée.
On s’aperçoit ainsi que la barrière de la langue n’est pas le seul obstacle qui se dresse entre les demandeurs d’asile et les travailleurs sociaux. Il y a aussi la peur (même en France, certains migrants ont peur de donner des détails sur les persécutions dont ils ont été l’objet dans leur pays) et, du côté des membres de l’association, une certaine méfiance. Vrai ou faux demandeur d’asile ? Victimes ou simples profiteurs ?
En suivant Caroline et Colette, les deux assistantes sociales qui doivent chaque jour faire "accoucher" ces nouveaux arrivants de leur histoire toujours difficile, le dispositif du documentaire oblige le spectateur à s’interroger presque malgré lui. Croit-on à l’un ou l’autre de ces récits ? Ne voit-on pas dans les réclamations de l’une des migrantes une forme d’exigence qui ne sied pas à ce que l’on s’imagine être une réfugiée ? Et que dire de celui-ci, toujours en colère ?
En n’apportant ni réponse ni jugement, le film met le doigt sur cette propension que l’on a à se poser en censeur, et en démontre toute la vacuité. Parce qu’ils sont démunis et loin de chez eux, ces hommes et ces femmes ne mériteraient pas ce qui est le mieux pour eux ? On pourrait leur refuser tout droit à la parole ?
C’est en cela que le travail effectué par les deux réalisateurs s’avère le plus édifiant : non seulement il donne à voir les différentes dimensions d’une réalité sociale complexe, mais en plus il le fait sans angélisme ni mièvrerie, en refusant le seul aspect émotionnel du problème. On se retrouve alors face à un film qui fonctionne comme un miroir réfléchissant, où le regard que l’on porte sur ces "arrivants", et le traitement qu’on leur réserve, déterminent notre propre degré d’humanité.
MpM
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