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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Le Choc des Titans (Clash of the Titans)
USA / 2010
07.04.2010
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UN CHOC SANS RELIEF
«- Si je dois le faire, je le ferai comme un homme.
- Oui, mais vous n’êtes pas simplement un homme ! »
Le Choc des Titans est une amère déception. Pire, ce « reboot » tant attendu du film de Desmond Davis sorti en 1981, tient plus de l’erreur artistique pur et simple que du bon gros film bancal généreux. Le sujet était en or, Leterrier l’a transformé en plomb. Sa version exagérément simpliste ressemble dangereusement à la caricature du blockbuster décérébré déjà vu chez le Transformers de Michael Bay. Soit l’exemple qu’il ne fallait surtout pas suivre. Pour faire court, disons que le fameux « choc » des Titans n’aura pas lieu. D’un côté c’est frustrant, rageant et à la limite du foutage de gueule. De l’autre, on se dit que le cahier des charges aura sans doute compliqué la tâche d’un cinéaste obnubilé par le rendu esthétique de son film.
Mais à trop vouloir enchainer les scènes d’action les unes à la suite des autres dans une surenchère d’effets numériques dispendieux s’époumonant à donner du relief aux exploits du célèbre héros grec, Persée, Leterrier en oubli l’essentiel : créer du liant, amener du rythme et proposer une relecture sans doute plus subtile que cet affrontement binaire des dieux contre les humains ou vengeance rime avec ennui.
Or, si l’histoire de cette version 2010 reprend effectivement la trame du film de Davis, elle banalise l’univers mythologique dans lequel notre jeune héros sera plongé. L’immersion en prend un coup, le divertissement pop-corn le dessus. En fait le cinéaste nous la joue morceaux de bravoure sans âme en envoyant du lourd, du boursouflé, du frénétique. Ce qu’il faut, épater le spectateur avec les scorpions géants, le terrifier avec la séquence de la Gorgone, faire trembler les fauteuils avec le final titanesque et le déchainement du kraken. Sauf que voilà, entre deux scènes héroïques, nada. Le vide intersidéral s’installe, l’ennui pointe le bout de son nez et l’invraisemblable décroche quelques sourires. Pour exemple, la scène dans la cale de l’embarcation du passeur Charon entre Persée et Io. Elle vaut à elle seule le détour et démontre si besoin est, l’inconsistance de la démarche du réalisateur.
A ce stade nous regrettons presque l’œuvre de Davis et son ambiance de fable à la patine étonnante, au style vieillot certes mais rendant hommage aux mythes de la Grèce antique. Malgré ses nombreux défauts le film arrivait à nous conter un monde complexe où les dieux, les humains et les monstres devaient cohabiter. Dans le Choc des Titans version 2010 rien de tel et l’histoire de Persée sert de mauvais prétexte aux CGI. La polémique sur le « gonflage » en 3D d’un film tourné en 2D afin de surfer sur le succès planétaire d’Avatar en dit long sur les velléités des producteurs. Pour être tout à fait honnête, reconnaissons au réalisateur français d’avoir essayé de façonner un Persée (Sam Worthington un peu hagard) en réaction contre l’ordre d’un monde dominé par les dieux (ils ressemblent aux chevaliers du Zodiac enluminés, Liam Nesson en tête dans le rôle de Zeus). Celui-ci ne semble être traversé par aucune destinée, refuse l’aide des dieux et lutte avec courage, fierté et détermination pour venger la mort de son père adoptif. Point barre. Ce que le personnage gagne en crédibilité, il le perd en charisme.
L’essentiel n’est, hélas, pas ici et ce premier blockbuster de l’année (nous mettons le Alice de Tim Burton volontairement de côté) démontre la surenchère inquiétante d’une offre de spectacle privilégiant de plus en plus l’aspect technique de ce type de divertissement. La dérive est en marche et la 3D risque bien de porter, si personne ne veille au grain, l’estocade.
geoffroy
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