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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Camping 2
France / 2010
21.04.2010
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LE PERILLEUX EXERCICE DU FORMATAGE
Interdiction de voir le film Camping 2 avant sa sortie. La chose n’est plus rare tant certains pensent que les critiques et le « ramdam » autour d’une sortie peuvent heurter les résultats du premier jour, donc la carrière d’un film. Les rares projections « presse » étaient destinées à ceux qui allaient recevoir les acteurs sur leur plateau télévisé ou ceux qui les interviewaient pour des journaux grand public. Il était nécessaire de canaliser les railleries éventuelles. C’était aussi une manière de montrer à quel point les journalistes de cinéma étaient méprisables avec leur perpétuel élitisme.
Mais entre nous, Ecran Noir n’a pas beaucoup insisté pour voir le film. Parmi les innombrables sorties de la semaine, celle-ci, sur 780 coplies !, était d’un point de vue cinématographique la moins intéressante, a priori.
Onteniente, le réalisateur, a rarement trouvé grâce à nos yeux. On avait cependant était indulgent avec Trois Zéros et Camping, mais très féroce sur People et sa suite ou encore Disco. Des ratages complets, des comédies pas drôles. Le film n’a pas besoin de nous pour se « vendre » auprès du public, qui remplira éventuellement les salles pour retrouver ce et ceux qu’ils avaient aimés dans le premier épisode. De même, nous n’avons pas besoin de ce genre de film pour dynamiser notre audience ou améliorer notre culture cinématographique.
Si nous avions existé dans les années 70, nous n’aurions peut-être pas critiqué les sagas des Sous-Doués ou des Charlots, malgré le charme désuet a posteriori de ces gentils navets. Or le cinéma français se contente souvent de formater ses comédies pour un public avant tout consommateur de télévision. Les producteurs ne prennent pas de risques, et essaient d’imposer des vedettes des planches ou du petit écran sur le grand. Les mêmes ne prennent d’ailleurs pas beaucoup de risques. Selon les dernières études du CNC, ils investissent moins de 30% du budget global du film. Cette absence d’audace se ressent tant sur le scénario que sur le produit fini. On comprend que le marketing soit lui aussi « formaté.
Avec 23 millions d’euros de devis, Camping 2 est la comédie française la plus chère de l’année 2009, et le troisième budget tous genres confondus. Il ne s’agit pas de se planter. Pour Franck Dubosc, l’enjeu est même crucial. Après les échecs de Disco et Cineman, il s’agit de retrouver un peu de panache auprès des abonnés de cartes illimitées. En dessous de trois millions de spectateurs, le film sera considéré comme une plantade, dont il sera en grande partie responsable : d’abord parce qu’il aura fait beaucoup moins bien que le premier opus, ensuite parce qu’il ne sera pas en position de leader sur son créneau.
Car à ce jour, la comédie vedette en France, c’est L’Arnacoeur. Avec deux vedettes du grand écran, un co-scénariste américain, un sujet original, ce premier film a presque séduit 3 millions de spectateurs. Ironie du sort, comme le rappelait Sophie Dacbert, la rédactrice du Film Français, ce film a un budget modeste de 8,1 millions d’euros et n’a bénéficié d’aucun financement par une grande chaîne (TF1, France 2, France 3 ou M6). « le duo Paradis-Duris était insuffisamment populaire, trop parisien et bobo ». Elle plante l’aiguille plus loin : « ces considérations ne sont en phase ni avec le public, ni avec le marché », ajoutant l’exemple de Tout ce qui brille. Au moins ces comédies sont rentables et ont trouvé un public plus large que prévu.
On le sait il n’y a pas de recettes pour faire des recettes. Mais tout cela n’aurait pas été écrit si les producteurs et les créateurs de Camping 2 avaient été sûrs de leur comédie (c’est-à-dire faire rire, malgré sa beaufitude assumée), s’ils avaient été confiant de son impact et de sa qualité. Du coup, on en doute.
vincy
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