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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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London Nights (Unmade beds)
/ 2008
28.04.2010
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LONDON, I LOVE YOU
« - comment on est rentrés ?
- en bus.
- faux. »
Deux âmes perdues se croisent et se rencontrent, chacun étant l’ange de l’autre. Gros blues urbain qui finit par un ballet aérien.
Alexis Dos Santos place son second long-métrage au coeur d’un Londres branché et underground dans lequel deux étrangers paumés cherchent leur voie. Voyage initiatique par petites touches impressionnistes.
London Nights a cela de beau qu’il laisse ses personnages errer dans la ville, vagabonder d’une soirée à un lit inconnu, d’une histoire d’amour à l’autre.
Personnages paumés, nomades, génération en marge : chacun se recrée une famille, une de celle qu’on choisit. Et les lieux dans lesquels ils évoluent sont un squat aménagé où les colocataires se croisent, se frôlent, se cherchent pour se rencontrer dans un bar (le bien nommé "Lost and Found"), une boîte, une fête… ivres de liberté.
Chacun joue alors avec l’imprévisibilité de la vie pour sentir jour après jour ce grisant sentiment de liberté. Axl, après des soirées très alcoolisées, dort dans des lits différents presque chaque nuit. Quant à Véra, jeune française au coeur brisé, elle laisse l’amour venir à elle et la chance ou le destin écrire la suite.
Perdus, les personnages n’en sont que plus attachants. On réalise rapidement que cette vie en marge n’est pas véritablement un choix qu’ils ont eu mais quelque chose qui leur a été plus ou moins imposé…par un amour brisé, un père trop tôt parti…En apparence forts et solitaires, les fissures et faiblesses font petit à petit leur apparition. Ils ont besoin d’être entourés, d'être protégés, d’un brin de stabilité auquel se rattacher. Ils sont timides, réservés sauvages, affectifs, ouverts. Leurs mensonges maquillent leur gêne. L'ivresse leur fait perdre pieds avec une réalité étouffante. Sorte de hippies européens, ces "jeunes" aspirent ai désordre, au chaos, et respirent une musique alternative et une sexualité sans tabous. Le partage avant tout.
Néanmoins, le sentiment de liberté qu’ils dégagent est beau, enivrant, attirant. Le réalisateur livre un film généreux. La caméra est vive, sensuelle. Et si le scénario erre un peu au milieu du film, sans doute parce qu'il stagne sur ses idées de base, sans chercher de nouveaux appels d'air pour le faire évoluer, il se met à s'envoler sur la fin.
Mais tout cela est-ce finalement bien réel? Et sont-ils si heureux avec cette liberté? Derrière ce film énergisant et plein de souffle se cache également une sourde mélancolie. Alexis Dos Santos chercherait-il à nous dire, par la bouche et les corps de ses personnages, que l’Homme est fait pour vivre en meute, entouré d’amour et d’amitié et avec l’espoir de lendemains qui chantent et que cette Liberté n’existe réellement qu’à travers l’autre ? morgane
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