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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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NO COUNTRY FOR GOOD MEN
"Seul le feu sait ce qu’il en est de mon retour."
A travers le destin personnel d’Anberber, jeune idéaliste des années 70, Teza retrace l’histoire récente de l’Ethiopie, de l’espoir fou de la révolution aux horreurs de la dictature. Si l’objectif historique et pédagogique est clairement atteint, cinématographiquement, c’est au départ moins évident. La trame du film est en effet relativement confuse, multipliant les allers/retours entre passé et présent, et utilisant des effets maladroits tels que les images floues ou les hallucinations visuelles. On est clairement plus dans l’évocation que dans le récit.
Heureusement, la narration s’améliore au fur et à mesure que la mémoire revient au personnage principal, et certaines séquences situées dans le passé dégagent une vraie force émotionnelle. Malgré le morcellement temporel du destin d’Anberber, on se passionne pour son combat en faveur d’un monde plus juste, et de la manière dont il est étroitement lié à l’Histoire politique des années 70 et 80. On découvre ainsi la situation complexe de l’Ethiopie, notamment les absurdités du régime "socialiste" mis en place par le colonel Mengistu, et qui fait la part belle à l’endoctrinement, ou encore la guerre permanente qui réclame son tribut de jeunes soldats. Toute la partie située en Allemagne de l’Est est elle-aussi édifiante, surtout lorsqu’elle aborde la question raciale, et l’intenable situation des enfants nés de couples mixtes.
Voilà pourquoi il faut dépasser les aspects formels de Teza, qui, malgré sa longueur et ses aspérités, a le mérite d’apporter un éclairage rare et précieux sur l’Ethiopie, pays cinématographiquement méconnu, et ose se confronter à un sujet douloureux et encore très frais dans les esprits. Une fois de plus, on s’émerveille de la propension des cinéastes étrangers à parler simplement de leurs traumatismes et de ce en quoi ils croient. On peut ainsi voir dans Teza une fresque inachevée sur l’Ethiopie de la fin du 20e siècle, mais aussi un hymne universel à l’émancipation et au respect des différentes identités.
MpM
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