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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Life during Wartime
USA / 2009
28.04.2010
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I’M NOT THERE
« - C’est bon d’être avec quelqu’un de… normal.
- pas avec un tordu…
- ou pervers.»
Voici une bonne dose de vitamine acidulée. Life during Wartime est une de ces chroniques décalées, à la fois ensoleillée et pleine de détresse, profondément humaine et cynique à souhait, comme Todd Solondz sait si bien les écrire. Il s’agit certainement de l’un de ses films les plus aboutis.
Cette famille déglinguée par ses secrets et ses silences, ses égoïsmes et ses visions du monde radicalement antagonistes peut aussi bien attrister que faire rire. Dès la première scène, les sarcasmes des dialogues se mélangent aux paradoxes de la situation. Une femme, petit oiseau, Joy, bien mal nommée, pleure en se disant heureuse. Non dits et révélations vont la faire craquer, subtilement. Ses névroses s’ajoutent aux péchés de son compagnon, révélés en creux. Le cadrage est sobre, se reposant entièrement sur les acteurs. Les crimes semblent abominables et pourtant règnent une atmosphère douce, calfeutrée, amoureuse.
Solondz manie parfaitement ces contradictions entre l’image et le propos, avec un cadrage très épuré et des mots très crus. Ce décalage produit des scènes parfois très fortes en émotion ou au contraire, cocasses. La franchise s’avère souvent le meilleur déclencheur de rires dns une séquence partie pour être dramatique ou romantique. Ces portraits de personnes esseulées, combattant chacune leurs démons, essayant de renoncer à leurs pulsions, incapables de communiquer pour transmettre leur malaise, apeurées par l’échec n’empêchent pas une tendresse palpable tout au long du film.
Mais Solondz n’a rien perdu de son sens de la provocation. Hilarante scène où une mère raconte à son pré-ado de fils, le candide au QI élevé, qu’elle a mouillé quand son courtisan lui a effleuré le coude. Loin du politiquement correct, les petites horreurs d’humains très faillibles flirtent avec l’absurde.
La guerre est ici familiale, et les obus ne sont que petites humiliations et grandes perversions. Les apparences glaciales font place à une cruauté insidieuse et brisent les cœurs fragiles. Mensonges, trahisons, lâchetés se cumulent avec des histoires de suicides, pédophilie, hypocrisies. Le réalisateur maquille tout ça d’un vernis judéo-chrétien et freudien pour mieux s’en moquer : le pardon, l’oubli, la reconstruction. Il déclare sa guerre à la civilisation américaine, moribonde, décadente, désagrégée. Comme le récit est fragmenté. Une Amérique maudite, à l’instar de cette famille déjà fantomatique. « Les gens n’y peuvent rien s’ils sont des monstres. »
vincy
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