Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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Freddy, les griffes de la Nuit (A Nightmare on Elm Street)


USA / 2010

12.05.2010
 



LES GRIFFES DE L'ENNUI





«- Oh, mon dieu !
- Non, c’est juste Freddy
».

Le croque-mitaine le plus célèbre du 7e art est de retour. 26 ans après le premier opus réalisé par Wes Craven – générant ainsi de nombreuses suites pas toujours réussies mais plutôt rentables –, rien de tel qu’une bonne piqûre de rappel façon "reboot" à l’instar des récents Vendredi 13 ou Massacre à la tronçonneuse. Mais pour quoi faire au juste ? Revisiter l’univers cauchemardesque du "boogeyman" à rayures, attirer un public d’ado adeptes de sensations fortes du type Saw, lancer une franchise juteuse ou séduire à peu de frais la génération des 45-50 ans forcément nostalgique du personnage ? A trop vouloir plaire à tout le monde on finit par ne plaire à personne. D’où cette impression, fâcheuse, d’assister à un no man’s land horrifique tant ce Freddy manque cruellement de personnalité et d’originalité.

Le film de Samuel Bayer, englué dans son développement basique dormira/dormira pas d’une assommante linéarité, ne propose rien d’autre qu’une pâle copie sans âme empruntant ici où là aux différents opus de la saga. Comme incapable de prendre la mesure d’un matériau de base bien plus inventif qu’il n’y paraît, le cinéaste joue sur les effets sonores à répétition et les postures de mise en scène pour signifier à gros traits les séquences oniriques. Résultat, l’univers en question n’est jamais approprié, ni revisité comme il se doit. Il est tout juste rendu dans un copier-coller de rigueur bien vaine. Les parties oniriques sont, de ce point de vue, désolantes de fadeur. Il y a bien ce plan d’une classe s’évaporant en poussière ou celui, fugace et réussi, du dernier plan en hommage au premier opus. Insuffisant au regard du potentiel horrifique quasi illimité d’un tel univers.

Pire, le cinéaste a la mauvaise idée de s’aventurer dans un mauvais trip psychologique visant à semer le doute quant à la culpabilité de notre « griffu pervers ». De fait il tend à problématiser l’attitude d’un monstre (?), l’humanise maladroitement par le recours abusif de flashbacks aussi pompeux qu’inutiles et passe à côté d’un personnage retord, pervers, sadique, jouissif, terrifiant… A ce niveau, l’erreur est impardonnable. Freddy est un cauchemar au sens métaphorique du terme qui vient vous hanter, vous punir et vous trucider. Peu importe ce qu’il a été, ce qu’il a fait et la façon dont il ressurgit dans le monde réel par l’intermédiaire des rêves. De toute façon la narration ne tient pas la distance (les nombreuses pistes finissent par brouiller les parties oniriques entre Freddy et ses adorables victimes), puisque le parti pris scénaristique plombe la raison même de ce qui fait que Freddy est Freddy. Ici, les adolescents ressemblent plus à de jeunes adultes enquêtant sur le passé d’un homme afin d’expliquer l’inexplicable. D’où l’erreur d’interprétation d’un film qui doit être vu comme un pur produit du cinéma fantastique.

Dernier point qui a son importance. Qu’en est-il de Jackie Earle Haley, nouvel interprète en lieu et place de Robert Englund ? Difficile de répondre tant Englund est et restera Freddy. Pour autant, il nous semble que réinterpréter le personnage en lui donnant une autre tonalité, une autre présence ou une autre saveur aurait justifié, sans contestation possible, l’idée de reboot. Mais avec un tel scénario, ça tombe à l’eau. Le Freddy 2010 reste en retrait, est trop bavard, oscille étrangement entre le faciès roublard et la froideur d’un visage en synthèse, malgré une voix toujours aussi flippante.

Il est triste de constater que nous sommes devant un mauvais remake à l’esthétique léchée mais sans véritable idée de mise en scène. Chiant et particulièrement fade, ce Freddy questionne l’utilité de réaliser des remakes à tour de bras tout en sachant qu’ils seront, neuf fois sur dix, moins bien que les originaux.
 
geoffroy

 
 
 
 

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