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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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The African Queen
USA / 1951
26 mars 1952
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LA RIVIERE PLEINE D'AMOUR
"je pense que je vais vous pendre deux fois"
Il est habitué à décocher quelques droites dans la figure des types qui ne marchent pas droit. Elle a l’habitude de mener les hommes à la baguette. Il aura fallut attendre 1951, John Huston et African Queen pour qu’Humphrey Bogart et Katharine Hepburn, les deux acteurs légendaires de l'âge d'or hollywoodien, soient enfin réunis à l’écran. Ils portent le film bien sur, et les décors qu’ils traversent.
Deux stars hollywoodiennes plongées dans l’enfer de l’Afrique, dans le Congo sauvage, sur un fleuve meurtrier où mille dangers en pleine Première Guerre mondiale.
Il est vrai que c’est en premier lieu le cadre de l’action d’African Queen qui différencie nettement le film des productions de l’époque. Car, Humphrey Bogart et Katharine Hepburn ont formé d’autres couples mythiques avec d’autres grandes stars de ce temps. Humphrey Bogart avec Ingrid Bergman dans Casablanca, ou avec sa femme Lauren Bacall dans Le grand sommeil entre autre. Katharine Hepburn avec Cary Grant dans L’impossible Monsieur Bébé ou avec Spencer Tracy dans Madame porte la culotte. En 1951, ce sont donc des figures plus qu’incontournables du cinéma américain. Un attrait supplémentaire pour le film qui offre, avec ce duo, une sorte de choc des titans. Ils sont habitués à incarner des personnages forts en gueule. Katharine Hepburn est une féministe qui porte le pantalon et ne laisse pas l’homme la dominer, Bogart est un mâle en puissance. Et cependant, dans African Queen, c’est Bogart qui change de registre en jouant un pauvre bougre, un type pas très malin qui a piètre allure. Un gars qui est dans le même état que son bateau, proche du naufrage. Hepburn, elle, est une femme droite, maniérée mais dont la volonté de fer dépasse largement la lâcheté de Bogart.
Et c’est par sa volonté à elle qu’ils se retrouvent embarqués sur un fleuve africain enragé, parti pour détruire un navire de taille moyenne de l’armée allemande qui contrôle l’embouchure du fleuve. Dès le départ, on sait l’entreprise vaine, car même s’ils parviennent à détruire le navire en question, quel impact cela aura-t-il sur la guerre ? Aucun. Leur action sera aussi conséquente qu’une piqûre de moustique sur un éléphant.
Il est évidemment donc que ce n’est pas cela qui intéresse John Huston. Il a clairement l’envie de filmer ce couple, cet homme et cette femme que tout oppose se débattre contre ce territoire sauvage, et unir leur force pour vaincre les épreuves. Le but étant que chacun dépasse ses limites, que chacun parvienne à laisser de côté ses différences pour ne former plus qu’un avec l’autre. Et c’est pour cela qu’à la fin du film, Huston nous offre ces magnifiques plans rapprochés de ces deux corps entremêlés, des corps sales mais dont le sourire si sincère signifie la plus belle des victoires. C’est une autre image, celle d’un nouveau couple du cinéma, mythique lui aussi, qui se grave alors à jamais.
Ils sont allés défier les alligators, les rapides, les tirs des allemands, les moustiques et les eaux marécageuses du fleuve. Au final, ils sont allés affronter la mort, préférant d’ailleurs mourir l’un à côté de l’autre.
Bogart, derrière son air de chien battu et son crâne rasé, apparaît comme un homme fort mais plein de sensibilité. Il révèle ici toute l’étendue de son jeu d’acteur et Hepburn, elle, va plus loin que dans ses rôles habituels. Elle souffre presque autant qu’une Ingrid Bergman dans Stromboli ou qu’une Jennifer Jones dans Duel au soleil. On le sent bien, dans African Queen, ils ne jouent pas, ils luttent vraiment pour survivre.
Certes, African Queen n’est rien d’autre qu’un duel de deux amants antagonistes, refoulant leurs sentiments, incapables de briser leurs chaînes, contre un territoire indompté. Mais la beauté des paysages, alliée à l’incroyable alchimie des deux acteurs en font un film culte, où l'amour va se trouver dans cet Eden perdu. Et si aujourd’hui, on peut rire devant les imperfections visuelles de certains effets (l’attaque des moustiques, ou certains plans d’ensemble lorsque le bateau traverse les rapides), il n’en reste pas moins ce couple enlacé, à jamais, éternels, ... comme le cinéma sait fabriquer un mythe. Benjamin
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