Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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Prince of Persia : les sables du temps (Prince of Persia : The Sands of Time)


USA / 2010

26.05.2010
 



SABLES ENLISANT





Tout le monde, ou presque, se souvient du jeu vidéo « Prince of Persia » qui, dans un temps pas si lointain (début des années 90), fut un succès planétaire. Hollywood, Disney et Jerry Bruckheimer ne pouvaient pas, semble-t-il, passer à côté d’un tel potentiel « franchisable ». Surtout depuis celle, pas fameuse mais hyper-rentable, de pirates voguant sur les mers des Caraïbes. Un peu à l’instar, donc, de Pirates des Caraïbes (basé, ne l’oublions pas, sur l’attraction éponyme made in Disneyland), Prince of Persia s’affranchit du jeu pour explorer une nouvelle mythologie faite de chair et de sang. En dehors d’une campagne marketing bien huilée, le film de Mike Newell s’évertue, sans magie aucune, à nous vendre mécaniquement de l’exotisme, de l’aventure, de l’humour, de l’action, des traitrises et autres rebondissements de circonstance. Un tel remplissage par le vide déborde à tous crins une histoire vraiment simpliste, sans doute trop longue, souvent maladroite et sans réels enjeux.

Incapable de « créer » des mythes propres au cinéma, Hollywood n’arrive même plus à adapter sur grand écran des histoires issues d’autres univers créatifs.

Le cinéma est un art de l’illusion a-t-on coutume de dire. Bruckheimer l’a que trop compris, lui qui sait si bien ouvrir le tiroir caisse pour nous faire croire que de beaux décors, de beaux effets, de belles batailles et de beaux sentiments suffisent à créer l’illusion parfaite. Hélas pour nous, le cinéma, même de divertissement, possède des codes qu’il ne faut pas sacrifier sur l’autel de la rentabilité. Un peu comme le dernier film de Louis Letterier (Le Choc des titans), l’erreur artistique de Prince of Persia est palpable, visiblement assumée ce qui, pour ne rien vous cacher, commence à devenir lassant. Incapable de « créer » des mythes propres au cinéma, Hollywood n’arrive même plus à adapter sur grand écran des histoires issues d’autres univers créatifs. Un comble ! Alors oui, l’argent est là mais uniquement comme support froid d’une histoire dont le souffle épique fait cruellement défaut. En effet, à quoi bon nous conter les aventures héroïques d’un prince au sang « impur » si les paramètres de temps, de lieux et d’action sont assénés sans rythme ni logique ? A pas grand-chose si ce n’est de proposer une suite de tableaux enjôleurs dissimulant tant bien que mal la vacuité d’une mise en scène pour gamins de moins de 10 ans. Sans être totalement mauvais, Prince of Persia paraît vain car trop factice dans sa démarche. Le film ronronne sa musique d’attrape-moi si tu peux et ne semble jamais vouloir dépasser l’objectif premier d’en faire une franchise juteuse.

De fait, nous restons à quai, loin des enluminures fastes d’un conte des Mille et une Nuit revisité auquel nous étions en droit d’attendre. Le « show », surfait, cumul les handicaps entre personnages légers, rythme mollasson, rebondissements peu judicieux, dénouement qui fait flop. A côté de ce spectacle peu ragoûtant, les scénaristes ont eu le courage de nous égrener des poncifs vus mille fois dans un rapport de force ultra classique ou le bien triomphe du mal (fraternité, amour filial, vengeance, combativité, honneur…). La seule vraie bonne idée du film n’est pas ou mal exploitée. Le pouvoir de cette dague sacrée qui permet de remonter le temps aurait mérité un traitement sans doute plus malin que cette histoire de vengeance tardive. Malgré deux ou trois séquences qui font leurs effets, le potentiel fantastique s’avère au final très décevant, comme le manque d’empathie envers ce nouvel héros bondissant au charisme un peu "cheap".
 
geoffroy

 
 
 
 

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