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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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L'autre rive (Gagma Napiri)
/ 2008
26.05.2010
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A LA DERIVE
"- Reste ici, ne va pas là-bas !
- Je dois retrouver mon père."
Si à la vision de L'autre rive, on désespère de la situation politique du pays, il y a par contre de quoi se réjouir pour son cinéma. En effet, malgré un sujet impossible (le morcellement du pays et les conséquences indélébiles de la guerre
civile), George Ovashvili ne se laisse pas déborder par la dimension mélodramatique de son propos et réalise un film épuré et dense où les réalités de la société géorgienne apparaissent sans fard. Il fait notamment preuve d'une immense sécheresse visuelle et scénaristique, évitant toute complaisance à l'égard de la violence (permanente) ou des difficultés rencontrées par le jeune héros.
Son périple à travers le pays n'est pas tant un voyage initiatique (qui ne peut mener nulle part) qu'une succession de portraits terrifiants d'un peuple ayant perdu tout repère, tout désir d'entraide et toute possibilité de compassion. De rencontre en rencontre, le jeune Tudo a de quoi désespérer de l'être humain, qui vole, viole, et tue sans état d'âme. A travers son regard (dénué de naïveté), on découvre un pays où la rancoeur fait oublier toute humanité.
Ainsi, bien qu'il ne soit encore qu'un enfant, trop jeune pour avoir pris part à la guerre, il est mis au ban de la société où qu'il aille, et ce simplement parce qu'il est géorgien. L'indifférence (voire l'hostilité) dont il fait l'objet a quelque chose de choquant, d'irrévocable. Comme la preuve que toute idée de réconciliation est pour le moment impossible. Avec un tel constat, L'autre rive fait indéniablement preuve d'une grande noirceur, mais c'est aussi une partie de sa grande force
dramatique que de ne céder à aucune facilité "politiquement correcte".
MpM
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