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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Les mains en l'air
France / 2010
09.06.2010
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UN CONTE PLUTOT AMER
"C’était en 2009, en France. Je ne me souviens plus qui était Président."
Le film Les mains en l’air, lourd de sens, s’attaque à un sujet épineux, celui des sans-papiers et de leurs expulsions croissantes en France. Inspiré par des faits réels et une politique de reconduite aux frontières de plus en plus répressive, le réalisateur Romain Goupil décide en toute honnêteté de prendre parti politiquement. Aussi, lorsque son héroïne Milana prononce en 2067 « C’était en 2009, en France. Je ne me souviens plus qui était président », le ton est donné. Cependant, la gravité du sujet n’a de cesse d’être contrebalancée par la légèreté du point de vue. Ici, pas de morale abusive. Filmé à hauteur d’enfants, le film apporte une innocence et une naïveté qui étonnent et charment à la fois.
Cette bande de copains d'une dizaine d'années est d’ailleurs la clef de voûte du film. Ensemble, tout devient possible : un leitmotiv qui leur sied bien. Loin des hésitations des adultes, ils préfèrent l’utopie, le conte éveillé. Prêts à tout pour sortir leur copine Milana de la galère, Blaise, Alice, Claudio et Ali apparaissent comme un souffle d’air frais. A tel point que le spectateur les perçoit plus responsables que les « grands ». Le réalisateur a d’ailleurs pris soin d’un son épuré lorsqu’ils discutent entre eux. Le rythme est vif, saccadé, mais le discours et les idées clairs. Alors même que les adultes ne peuvent pas se parler sans que les coups sonores pleuvent et que s’élève un brouhaha inaudible.
Il n’y a que Cendrine –jouée par Valeria Bruni-Tedeschi- qui se rapproche de ce que peuvent ressentir les enfants. Elle a conscience du danger qui guette Milana. Tenant son rôle de maman instinctive et rebelle de manière convaincante, elle apparaît comme la courroie de transmission entre le monde des adultes et celui des bambins. Évidemment, son rôle de femme un brin gauchiste trouve un écho particulier depuis que son beau-frère Nicolas Sarkozy est président de la République (celui dont Milana ne se souvient pas !).
On regrette tout de même quelques longueurs. Le film, concentré sur les dialogues et l’histoire, aurait pu gagner en énergie. La question du prologue et du final, dans le futur, mérite aussi d'être posée. La construction du film comme un long flash-back sert en effet le propos du réalisateur, mais de façon un peu maladroite. Au cinéma, les retours en arrière s’effectuent pour parler de choses ignobles du passé dont on ne pourrait soupçonner l’existence dans le présent. Dans Les Mains en l'air, Romain Goupil décide d'utiliser ce procédé pour appuyer là ou cela fait mal. Ainsi, le réalisateur fait quasiment un parallèle entre la situation française de 2009 et celle de l'Occupation. Il a choisi son camp, très (trop ?) engagé.
Anne-Laure
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