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PAS BESOIN DE PLAN B
"Il y a un plan pour tout et j'adore quand un plan se déroule sans accroc."
"L’agence tous riiiisques, c’est vraimeeeeeent… la dernière chaaaance, au dernier momeeeeent" Allumez vos cigares, faites crisser les pneus de votre corvette et astiquez vos chaînes en or, Hannibal et toute sa bande sont de retour ! Et en plus ils sont en grande forme. Bon, d’accord, ils ont fait un bond en avant dans le temps, passant de la guerre du Vietnam à celle du Golfe, et leurs visages ne sont plus vraiment les mêmes, mais pour le reste, ils n’ont pas changé : Rangers les plus déjantés des Etats-Unis, ayant érigé le sauvetage in extremis au rang d’art et le bricolage de plans tordus et tarabiscotés à celui de philosophie.
Autodérision, légèreté et spectacle
Presque tous les ingrédients qui nous ont fait aimer la série sont réunis, et tant pis si ceux-ci, aux premiers abords, peuvent sembler plus un handicap qu’un atout. Ainsi l’extrême simplicité de l’intrigue et le côté presque binaire des personnages, tous archétypaux. Joe Carnahan et son équipe ont bien compris que ce qui faisait le sel de la série, ce n'était pas ses scénarios (tout plus ou moins bâtis sur le même modèle) mais son esprit, un mélange d'autodérision, de légèreté et d'action spectaculaire. Aussi ils s’en donnent à cœur joie : explosions, évasion dans un tank volant, courses-poursuites… Et surtout, surtout, des dialogues hilarants, faisant la part belle aux références et aux interactions entre les personnages. S’il vaut mieux oublier très vite le couplet un peu ridicule sur les "frères d’armes" lors de la rencontre entre Hannibal et Barracuda, tout le reste fonctionne à plein régime : les tensions entre Looping et Barracuda, la relation complice et quasi paternelle entre Hannibal et Futé, la manière de traiter leurs ennemis, avec ironie et élégance…
Dès la séquence d’ouverture totalement fantaisiste (qui présente tour à tour les différents personnages), Joe Carnahan montre ainsi qu’il a parfaitement intégré les codes de la franchise et qu’il est bien décidé à se faire plaisir avec, quitte à flirter avec le crime de lèse-Agence. Les scènes d’action sont ainsi plus violentes que dans la série (où les malheureux ennemis se relevaient toujours, même après l’explosion de leurs véhicules) et on s’étrangle parfois devant le pacifisme (et l’absence d’iroquoise !) de Barracuda, qui semble lui un peu édulcoré. Mais globalement le réalisateur a préservé l’essentiel : rythme, dynamique et liberté de ton. Côté mise en scène, rien de génial, mais une efficacité minimaliste avec des séquences très découpées, surtout lors des scènes d’action. C’est parfois confus, mais au moins il ne se ridiculise pas.
Retour à l’origine du mythe !
Les acteurs, eux, sont parfaitement entrés dans les bottes de leurs illustres prédécesseurs dont les visages finissent par se substituer aux leurs tant les habitudes ont la vie dure... Si ce n’est que Sharlto Copley (Looping) a des faux airs de Dirk Benedict (Futé dans la série), ce qui est parfois perturbant. Liam Neeson, lui, aurait pu cabotiner plus, mais l’alchimie entre les quatre acteurs est réelle. On sent qu’eux-aussi ont pris un véritable plaisir à redonner vie au quatuor.
Et pour cela, l’idée la plus intelligente est probablement d’avoir choisi de réaliser un prequel expliquant la formation du groupe et les raisons de leur clandestinité, plutôt que d’avoir étiré un épisode pour qu’il tienne en deux heures… Certes, les fans n’auront aucun mal à deviner les premiers rebondissements (puisqu’ils connaissent déjà l’histoire), mais c’est surtout pour eux l’occasion de décortiquer les "mythes" de la série et d’en montrer l’origine. On découvre ainsi pourquoi Barracuda a peur de voler, ou encore pourquoi c’est généralement Hannibal qui élabore les plans.
Et puis, bien sûr, les clins d’œil à la série ne manquent pas : du look des personnages à l’irremplaçable van de Barracuda, en passant par le cigare d’Hannibal et la célébrissime musique du générique. On aime aussi beaucoup la projection "en 3D" au beau milieu d’un hôpital psychiatrique, comme pour se moquer de la concurrence… Tout ce que l’on a aimé dans l’original est bien là, à part peut-être la traditionnelle séquence "Mac Gyver" durant laquelle l’Agence parvenait toujours à fabriquer un véhicule blindé et des explosifs à partir de trois fois rien. Mais faire voler un char d’assaut, c’est pas mal non plus… Quant à adapter une série aussi culte sans faire le moindre accroc, par les temps qui courent, ça tient carrément du miracle.
MpM
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