Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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Baarìa


Italie / 2010

16.06.2010
 



SICILIA PARADISO





Giuseppe Tornatore, cinéaste italien du mémorable Cinéma Paradiso, revisite son passé, sa patrie, sa Sicile et sa ville natale, Bagheria (Baarìa en sicilien), dans une fresque historique parcourue d’emphase, de lyrisme, d’allégories et de sentiments contrariés. Baarìa se mue, pour l’occasion, en un espace symbole, sorte d’épicentre des évènements qui auront secoué l’Italie des années 30 aux années 80. Sans forcément recourir au pittoresque facile d’une contrée bouleversée jusque dans ses traditions, le réalisateur nous livre une « saga familiale » recouvrant trois générations de siciliens mais dont le fils Peppino occupe une place prépondérante. Ce choix n’est pas innocent puisqu’il focalise le message de Tornatore autour de l’engagement, du combat politique (Peppino adhère au Parti Communiste à la fin de la seconde guerre mondiale), du droit à la liberté et des possibles maintes fois rêvés. La première scène du film, avec l’envol du petit-fils Pietro au-dessus de la ville, symbolise cette démarche d’utopie d’un monde en perpétuel mouvement.

Pour autant, Baarìa n’est pas un film historique au sens pédagogique du terme. Le film lorgne assurément du côté de la comédie humaine à travers les joies et les peines d’une famille modeste, mais sans réelle finalité. Tornatore façonne une grande roue gigantesque brassant souvenirs personnels, récits fictionnalisés, moments clés d’une histoire collective. Il veut tout dire mais ne dit pas grand-chose. Il veut donner du souffle mais se perd dans une boursouflure maniérée contre-productive. Il veut émouvoir mais, là encore, tombe dans l’émotion kitch de la fresque historique impersonnelle. Le paradoxe domine un long-métrage qui, malgré de nombreuses scénettes réussies, ne parvient jamais à rendre compte des évolutions d’un monde traversé par la famine, le fascisme, la guerre, la mafia, le communisme, la révolution, les années de plomb…

Le réalisateur italien nous offre donc une fable au long-cours parsemée de plans-séquences œuvrant comme des tableaux aux contours évanescents. Un peu comme si les évènements ne pouvaient se suffire à eux-mêmes. Résultat, le cinéaste use et abuse d’une narration sans décrochement de rythme, sans temps mort ni variation de tempo. La mise en scène n’évite pas les redondances, accumule des séquences ultra démonstratives qui s’enchaînent à la vitesse grand V. Parcourir 50 ans d’histoire à travers le prisme de personnages ordinaires n’est jamais chose aisée. Suivre les traces de Fellini (Amarcorde) ou de Leone (Il était une fois en Amérique) non plus.
 
geoffroy

 
 
 
 

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