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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Femme Fatale
USA / 2002
11.04.02
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TOUT CA POUR CA ?
Femme Fatale est à l'image de son héroïne : sa plastique et ses formes sont souvent très séduisantes, mais au final, on reste sur sa faim. Car Brian de Palma ne fait que s'amuser à manipuler le spectateur : il l'aguiche par une réalisation souvent virtuose avant de le congédier sur une pirouette finale plutôt décevante. Le scénario sacrifie à la mode de la surprise, du " final twist ", qui vient, dans les dernières minutes du film, renverser l'ordre des choses. Le procédé, depuis Le Sixième Sens ou Les Autres, semble malheureusement devenir monnaie courante dans les scénarios américains. Ce renversement n'est certes pas complètement absurde, et l'on peut, à rebours, voir dans Femme Fatale un agréable divertissement sur le thème de la manipulation et sur le décalage entre fantasme et réalité (thèmes chers à De Palma). Reste que la surprise finale est ici pesamment amenée et donne au film un aspect certes malin, mais laborieux : on a l'impression de voir le film d'un très bon élève en cinéma qui aurait l'esprit un peu potache.
Car Brian De Palma est incontestablement un grand réalisateur, et le film s'ouvre sous de très bons auspices. La première séquence est absolument magnifique, et cinématographiquement presque aussi impressionnante que celle qui ouvrait Snake Eyes : on voit un extrait de Double Indemnity sur un écran de télévision ; un visage apparaît vaguement en reflet sur l'écran. Un changement de point révèle le visage sur l'écran, cependant qu'un long travelling arrière dévoile le personnage de Laura, nue, étendue sur un lit devant la télévision. À la limite, ce seul plan suffisait à suggérer tout ce qui est laborieusement posé par la suite, et notamment dans la surprise finale : le rêve de Laura tient tout entier dans ce changement de point. Elle est à la fois devant et à l'intérieur d'un film, elle se projette dans un personnage de femme fatale. La séquence suivante (le vol de bijoux) est également très efficace et très bien rythmée.
Malheureusement, par la suite, le film perd parfois ce rythme et des longueurs se font sentir, même si la plastique irréprochable de Rebecca Romijn-Stamos a de quoi réveiller un mort. Le scénario se perd dans des situations assez invraisemblables (la ressemblance entre Laura et une autre jeune femme) et surtout confuses. Brian De Palma a beau convoquer tout son savoir-faire de réalisateur (mouvements d'appareils impressionnants, usage du split-screen), et tenter de multiplier les rebondissements, le film peine quelque peu et se transforme en exercice de style. Certes, la répétition des thèmes (l'eau de la baignoire, de l'aquarium, de la fontaine, du fleuve…), les invraisemblances diverses et les situations caricaturales peuvent se comprendre à rebours à partir de la logique associative et libre qui sied aux rêves ; de même, le fait que le personnage interprété par Antonio Banderas soit un peu plat peut s'interpréter rétroactivement par le fait qu'il est une simple marionnette dans les fantasmes de Laura. Laura compose son rêve comme Nicolas, dans le film, compose son collage de photographie : elle juxtapose des éléments plus ou moins hétéroclites pour reproduire la simple impression de la réalité. Mais cette explication ne suffit malheureusement pas à renverser l'impression générale que donne le film : celle de voir un grand réalisateur aux prises avec un scénario parfois un peu vain. benjamin
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