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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |







(c) Ecran Noir 96 - 25 |
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Night and Day (Knight and Day)

USA / 2010

28.07.2010
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 MISSIONS PAS POSSIBLES
«- Un jour c’est une expression dangereuse.
- Dangereuse ?
- ça veut souvent dire jamais.»
Périlleux exercice que de faire un film qui mélange les genres, et au final, ne pourrait satisfaire aucun de leurs aficionados. Une comédie aux frontières de la parodie, du romantisme, de l’action, de l’espionnage, de l’humour parfois décalé, quelques traumas liés aux parents… et il faut y ajouter un objectif : remettre Tom Cruise en orbite parmi les superstars d’Hollywood.
Si Knight & Day (ridiculement traduit par Night & Day) n’atteint pas tous ses buts, il ne rate pas son dessein initial : divertir. Certes, il aurait fallut un peu plus d’originalité dans le scénario. Un twist ne fait pas automatiquement un rebondissement ou du machiavélisme. De même, Tom Cruise en James Bond qui se prend pour Houdini, qui ne démérite pourtant pas, n’a pas su créer un personnage véritablement barré, composant ainsi un homme trop raisonnable et calculateur pour être un héros attachant. Cameron Diaz, quant à elle, est desservie par un scénario qui ne la valorise qu’après la première moitié du film. Les deux, avec leur légère maturité (formule élégante pour ne pas dire « petit coup de vieux ») ne manquent cependant pas de charme, sans aller jusqu’à la parfaite alchimie. N’est pas Pitt et Jolie ou Douglas et Turner qui veut.
Mais malgré toutes ces fêlures qui manquent de faire craquer le film dans un grand n’importe quoi, James Mangold s’en tire honorablement avec quelques grosses ficelles mais aussi des jolies coutures. De bonnes répliques (« Si on nous poursuite, je me tue, et après, je la tue », « L’argent vient des armes ou de la famille »), quelques séquences décalées (le sérum de vérité a un effet étonnant sur Diaz), une histoire qui tient la route, bref un grain de folie pas désagréable doublé de cascades invraisemblables en font un blockbuster respectable. N’oublions pas la bande son très tendance. Cette bataille entre les Bad guys et les Worst guys souffre quand même d’un syndrome : Knight & Day a énormément plagié Mission : Impossible. Prague est remplacé par Salzburg, mais Séville demeure, bref cet agent de la CIA a les mêmes manies (moto, combat…) et cela ressemble à un revival, plus drôle, des adaptations de la série TV.
Heureusement, Mangold s’écarte des sentiers battus à certaines occasions. Comme ces deux séquences qui se font écho, où l’on est plongé dans l’état comateux du personnage (Diaz pour commencer, Cruise pour finir). On suit avec eux, par bribes, une sorte de périple pas très sécurisé à la limite de l’hallucination délirante. On zappe ainsi de kidnapping en évasion, sans vraiment se rendre compte. Une immersion dans la tête de la victime, plutôt que de montrer les actes héroïques du sauveur.
On regrettera que durant ce tour du monde occidental, l’illusionniste et l’infirmière (deux fantasmes en soi), les seconds rôles soient si monotones, et sans aspérités, quand ils ne sont pas "ailleurs" (Paul Dano, quel gâchis). Il manque sans doute un second de gré subtil aux deux héros pour porter complètement cette grosse machine.
Mais, reconnaissons au moins que le divertissement réussit sa mission : nous évader. De là à avoir une empathie pour les personnages, il ne faut pas exagérer.
vincy
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