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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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A cinq heures de Paris (Hamesh Shaot me'Pariz)
/ 2009
23.06.2010
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TAXI LOVER
«- Salut, c'est encore moi/Salut, comment tu vas? »
Qui aurait cru qu'un chauffeur de taxi, la quarantaine chauve, à la mine pâle et un peu dépassé par la vie, aimerait écouter dans son taxi les fameuses chansons de Joe Dassin? Cet homme c'est Yigal, interprété avec justesse et émotion par Dror Keren, un israélien divorcé qui travaille avec le mari de son ex-femme. Yigal a un fils aussi, qu'il élève plutôt de loin car son beau-père, psycho-rigide sur les bords, ne le laisse jamais en paix. C'est grâce à son fils qu'il rencontre un jolie professeur piano d'origine russe, Lina, jouée par Helena Yaralova, la quarantaine elle aussi. Tous deux sont esseulés et leurs chemins vont se croiser le temps d'une chanson.
La vie les a un peu malmenés. Lina a abandonné son rêve de devenir musicienne et a suivi les ambitions de son mari. Yigal se sent un peu seul depuis que sa femme l'a quitté, alors qu’il n’a jamais vraiment bien compris pourquoi. Ces deux-là vont s'aimer d'un amour attendrissant bien que condamné. Lina doit suivre son mari au Canada, où la promesse d'un avenir meilleure scintille au loin pour cet intellectuel. Mais leur passion commune pour la musique française (Joe Dassin, Alain Barrière, Adamo) et le projet fou d'aller à Paris en avion les rapprochent toujours un peu plus.
C'est un projet fou parce qu'Ygal a peur de prendre l'avion et qu'il consulte même un psychothérapeute pour résoudre sa phobie. Quant à Lina, elle est mariée et juste au moment où les deux amants sont prêts à passer à l'acte, le retour à la réalité incarné par le retour surprise du mari, Grisha, interprété par Vladimir Friedman, est encore plus douloureux pour ces deux-là. Le film est touchant et Leon Prudovski nous montre une comédie bien tissée. Le spectateur est touché par ses deux grands timides qui ne savent pas comment surmonter leurs peurs et leurs doutes. C'est comme si à quarante ans, il est un peu déjà trop tard.
Donc, pour le moment, pas une touche de politique à l'horizon. C'est important, car le film a eu le malheur (ou la chance c'est selon) de sortir au moment où la politique y a mis du sien. En effet, l'offensive du Tsahal contre la flottille humanitaire de Gaza, qui a fait 8 morts le 31 mai dernier, a eu conduit à un coup de pub magistral pour le film. Les salles du groupe Utopia ont décidé de déprogrammer le film, en protestation contre la politique israélienne, et de le reprogrammer au mois de juillet. Le film choisi en remplacement était le documentaire sur l’humanitariste américaine Rachel Corrie, morte à Gaza, en 2003. Le film ne traite pas de politique, nous n'en ferons donc pas. Ajoutons juste que cet ajournement a apporté plus de pub au film que de tort, et que le débat sur le conflit israélo-palestinien pourra être discuté, autour d'un café, après avoir passé un bon moment en regardant A 5 heures de Paris.
sarah
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