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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Twilight - chapitre 3 : Hésitation
USA / 2010
07.07.2010
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BELLA ENTRE BÊTE CHAUDE ET BEAU FRIGIDE
«- Je suis la Suisse, ok ?»
Le troisième épisode de Twilight n’a pas hésité à surdoser tous les ingrédients de la saga : l’amour abstinent, le dilemme de la tentation charnelle, les scènes de combat, et surtout les dialogues romantiques. Les producteurs ont voulu donner une dimension de blockbuster estival, loin du drame adolescent du premier épisode ou du mélo stagnant du deuxième.
Hélas, la saga continue de s’étirer inutilement, faisant évoluer les relations trop lentement. Desservie pas une mise en scène maladroite et faiblement inspirée (les champs/contre champs des séquences de dialogues sont même mal cadrées), le scénario ne prend jamais l’ampleur attendue. Le découpage est en grande partie responsable : l’émotion, l’explication et l’action s’alternent mécaniquement.
Les dialogues n’aident pas. Outre l’aspect kitsch – et involontairement hilarant – de la plupart des scènes, les échanges verbaux ajoutent une dimension comique. Taylor Lautner toujours torse nu épilé, avec sa meute, tout ça pour allumer les midinettes (« Tu sens ça ? Chair, sang, chaleur », le diable quoi). En même temps, le peu qu’il a à jouer n’est pas très convainquant. Robert Pattinson, qu’on a connu en plus grande forme, ne semble pas à l’aise avec ses désirs enfouis et cette retenue qui le contraint. Mais comment le blâmer puisqu’on lui donne un champ de fleur où raconter des banalités sur les vertus de l’abstinence sexuelle et de la pureté des âmes. Entre bibliothèque verte et Harlequin, on hésite, Twilight a perdu sa singularité, passant de la métaphore des angoisses existentielles adolescentes à une leçon de morale assez binaire. Bref Bella et les garçons, avec des effets spéciaux basiques, sortent une litanie de platitudes sur l’amour qui feront bailler les plus vieux.
Sang ni chaud ni froid
On peut aussi le voir au second degré et se dire qu’il s’agit d’une comédie humaine. Bella, qu’elle soit « mordue » ou « imprégnée », a le choix entre un suceur et un frotteur. Si elle est clitoridienne, dans les deux cas, elle pourra prendre son pied.
Hélas, il est difficile de garder son sérieux quand les scénaristes, non content de dresser un portrait dramatique (ces gens là ne s’amusent jamais) d’une jeunesse américaine, ont décidé de ne faire que le strict minimum. Hormis un blondinet et novice, la méchante est la même depuis Twilight 1. Il était temps de s’en débarrasser. Mais le foutage de gueule intervient quand un ancêtre lui raconte une légende sur les origines de sa tribu avec une belle histoire de courage et de sacrifice. Ce retour dans le passé nous met alors une grosse puce à l’oreille : on sait comment elle sauvera son chéri. Cette facilité d’écriture anéantit toute surprise et tout intérêt. Ajoutons des flash-backs pour nous raconter les origines de nos amis et les vampires, et tout devient boursoufler, sans cohérence, pesant. Heureusement, les paysages somptueux nous hypnotisent. Il y a du Jan Kounen là dessous.
Un amour de Swan
Et puis il y a Kristen Stewart qui continue à rester crédible et torturée comme il faut. Ses hésitations, ses décisions, ses erreurs sont les seuls rebondissements du film. Elle n’est pas aidée en plus. « je suis vierge » à son père, faut le sortir. « Je te désire » à son mec, sans pouvoir même toucher l’élastique de son slip. Faut l'oser. L’Edward, très Old School, la désire mais ne veut rien faire avant le mariage. « C’est suranné ». Les filles ont du mouiller rien qu’en feuilletant le dico… Ne soyons pas léchant, c’est juste grotesque car simpliste car moraliste car véhiculant une image du sexe d’un autre temps et d’un schéma sociétal qui a pourtant fait beaucoup de dégâts. Le personnage de Lautner aussi fade soit-il a le mérite de faire monter la fièvre (« Je suis plus chaud que toi », ça c’est dit). Mais le film manque d’hormone comme de subtilité.
Gigantesque feuilleton monté comme une bande annonce où l’on sait tout d’avance, il faudra le punch de la séquence finale pour nous sentir un peu concerné par ses mièvreries.
Comme si le film hésitait à force de vouloir satisfaire tous ses fans, sans jamais faire le choix d’offrir une proposition cinématographique à des thèmes universels, plagiés même, qui reflètent notre époque.
vincy
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