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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Cellule 211 (Celda 211)
Espagne / 2010
04.08.2010
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ÇA RENTRE DANS LES CASES AVEC TOUS LES CODES
«- Il faut y entrer pour en sortir. »
Malgré sa thématique (univers carcéral), son succès public et ses 8 prix Goyas remportés comme à la parade, Cellule 211 n’a rien à voir avec Un Prophète. Là où le film d’Audiard décortiquait avec maestria et minutie l’ascension d’un futur roi de la pègre, le long-métrage de Daniel Monzon utilise une subtilité scénaristique pour nous introduire au cœur d’une prison espagnole en pleine mutinerie. La mise en scène tendue proche d’un cinéma vérité si prisé dans les productions actuelles – caméra à l’épaule oblige –, ne peut refréner la sur-fictionnalisation du récit. Cellule 211 se mue, dès sa deuxième séquence, en un thriller carcéral bien foutu sur le papier, pétri de bonnes intentions et de quelques idées narratives, mais plombé par de multiples rebondissements aussi brouillons que téléphonés. Mutinerie, prise de pouvoir, scènes de vandalisme, trahisons, règlements de compte, négociations, dérapages en tout genre, émeute, intervention finale… tout y passe ou presque ce qui, en 1h50, est un exploit. Mais non sans risque visuellement…
Au-delà des poncifs du genre hélas bien présents dans le film de Monzon, l’invraisemblable situation de ce maton malchanceux obligé de jouer un rôle pour sauver sa peau nous évite, de peu mais quand même, le nanar grandiloquent passant à côté de son sujet par excès de prétention. Si la caricature domine, l’histoire vous prend aux tripes par le biais d’une fureur claustrophobe mâtinée à la sauce « hollywoodienne ». C’est roublard, volontairement manichéen mais bien trop binaire dans sa finalité pour en faire autre chose qu’un simple spectacle du type Prison Break. Pour autant, l’histoire se laisse regarder malgré le délitement progressif de l’idée de départ. En effet, plus le film avance plus les ressorts dramatiques pour tenir en haleine le spectateur deviennent grossiers. Que dire de ces flashbacks mièvres englués dans une surenchère « situationnelle » très improbable pour être vraiment convaincante ? Qu’ils sont inutiles car surajoutés maladroitement à la situation vécue par notre courageux maton. Ils n’apportent aucune plus-value puisqu’ils constituent une disharmonie face à la montée crescendo de l’inévitable émeute. Dans ces conditions Cellule 211 ne peut dépasser le statut, néanmoins assumé, d’une solide série B.
Dernier point qui fâche : la prétendue morale du long-métrage. Simpliste, expéditive, compréhensible de tous car dénuée de nuances, elle célèbre sans sourciller les deux forces antagonistes d’un genre ultra codifié. D’un côté nous avons les méchants politiciens, forcément amoraux, perfides et lâches, toujours suivis par une police aux ordres représentée, pour l’occasion, par la brute Utrilla. De l’autre côté nous avons les prisonniers. Sans être des saints, ils dégagent une certaine cohésion de groupe avec leurs codes, leur sens de l’honneur et leur bravoure désespérée. Alors oui, un salaud de flic est et sera toujours moins charismatique que le pire des truands. De fait, le film de Daniel Monzon ne s’emberlificote pas de la portée politique de ce qu’il met en scène (voir l’utilisation à minima des prisonniers politiques d’ETA), signe qu’il s’agit bien d’un film spectacle bordélique à souhait et non d’un brûlot romancé sur les conditions de détention dans les prisons espagnoles. geoffroy
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