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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Djinns
France / 2010
11.08.2010
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LA PEUR SANS NOM
«- Qu’est-ce que c’est que les Djinns ?»
Il est toujours difficile d’associer histoire – avec un grand H – et fantastique. Surtout au cinéma. Djinns, première réalisation du couple Hugues et Sandra Martin, ne choisit jamais son camp tant et si bien qu’il oscille constamment entre le film de guerre, le drame psychologique et l’intrusion du surnaturel. Ce qui, admettons-le, n'est ni un mal ni un handicap. Il faut juste réussir les transitions sans tomber dans le mauvais stratagème du film à tiroirs ne sachant plus vraiment sur quel pied danser. Ce que n’évite pas totalement ce Djinns, très long à l’allumage, malgré deux ou trois scènes bien foutues à l’instar de la première apparition des esprits du désert. Néanmoins, reconnaissons au film son angle d’attaque très éloigné de l’archétype du genre, c’est à dire bourrin à souhait avant d’être évacué en deux twists de surenchère d’hémoglobine.
Les chemins empruntés sont ici bien différents, sans doute plus « littéraires », assurément moins dynamiques mais propulsant le long-métrage vers une sorte parabole maladroite sur l’âme humaine en temps de guerre. Facilement influençable celle-ci devient malléable car fragilisée par les évènements extérieurs. Les réalisateurs ne proposent pas, à première vue, une simple histoire d’esprits vengeurs assoiffés de sang et trouvent le moyen d’aborder différentes thématiques par le biais de cette section de soldats français partit à la recherche d’un avion disparu : sentiment de culpabilité, peur de l’inconnu (qu’il soit villageois, fellagha, esprit), niveau d’obéissance, risque de dérapage, descente vers la folie.
L’intention est louable, originale même, car osée pour un premier film. Cette approche psychologique, parfaitement recevable d’un point de vue scénaristique, devient très vite le point faible du film. L’épouvante est mise de côté puisque les Djinns ne font rien d’autre qu’amplifier jusqu’à l’excès – et la mort – les troubles et autres psychoses de nos soldats français. Rien ne vient troubler ces forces maléfiques et chaque soldat, sauf un, est renvoyé à lui-même de façon mécanique, linéaire, sans surprise. Il manque, à part sur la fin, ce brin de démence qui nous aurait plongé dans l’enfer d’une forteresse noire sans échappatoire. L’autre faiblesse réside dans cette accumulation de caricatures. Chaque soldat, là encore, a le droit à son stéréotype attitré. Plombé au cours d’une première partie beaucoup trop bavarde pour installer une quelconque atmosphère, le basculement « psycho-fantastique » s’avère prévisible, peu varié, ce qui, au final, devient terriblement surfait. Idem pour nos para-français nous la jouant stress perso avant de partir en vrille. De fait, les efforts d’humanisation du récit ne résiste pas à cette mascarade d’ego cabotinant à qui mieux-mieux.
Si nous mettons de côté les raisons de l’intervention de Djinns tout-puissants, d’une lourdeur métaphorique absolue, ce premier essai cinématographique ne trouve jamais le bon tempo. La mise en scène, écrasée par l’immensité sourde du désert, est incapable de créer du rythme dans l’excès. Dommage car les idées sont là tout comme le désir de proposer un film de genre à la « française ».
geoffroy
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