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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Cyrus
USA / 2010
15.09.2010
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QUE LES GENS SONT BIZARRES
«- Ne la punis pas parce que je suis taré ».
Cyrus s’inscrit dans la veine des comédies dramatiques américaines, indépendantes (c’est-à-dire abordant certains sujets de façon un peu moins consensuelle et un peu plus déviée que les films de studios), qui reposent sur le parcours d’un personnage plutôt dépressif. De Little Miss Sunshine (hilarant) à Greenberg (déprimant), les exemples récents ne manquent pas. Cyrus n’est pas le film culte attendu, mais demeure, dans son genre, l’un des mieux écrits, comme un lointain cousin du Mariage de mon meilleur ami et de Mon beau-père et moi, pour les mises en situation rocambolesques. Mais ici elles tournent à une tragédie plus humaine.
Pour cela, il faut un « anti-héros » parfait. Un perdant sans magnificence, un mec un peu moche, mais pas con, bourré de défauts, mais qui ne demande qu’à croire en la vie, qui a besoin d’un cou de pied dans le cul, sachant que les coups de pouces n’ont aucun impact. Interprété par un John C. Reilly idoine pour le rôle, on découvre ce banal John en train de se branler devant un ordinateur, surpris par son ex-femme. La loose totale.
Dragueur raté, dépressif qui tient mal l’alcool, cet Ours, qui selon lui ressemble à Shrek, rencontre quand même sa princesse. Une Marisa Tomei, qu’on aime revoir à chacune de ses apparitions, va lui ré-insuffler de la vie, de l’amour, de l’espoir. Leur rencontre n’a pourtant rien de romantique. Il pisse dans un bosquet d’une villa où il est invité (et s’ennuie) pour une soirée. « Très joli pénis » lâche-t-elle, tout en lui balançant qu’elle avait réservé l’endroit pour y faire pipi.
Le bizarre ne s’arrêtera pas là. Il s’incarne dans le secret caché par le personnage de Marisa Tomei : son fils, alias le fameux Cyrus.
Un enfant spécial. Physiquement, intellectuellement. On croirait un de ces enfants/monstres dans les films d’horreur. Même son humour est à part. Un monstre possessif qui transpire la détresse affective. Un manipulateur de génie qui va blesser la seule femme qu’il aime en voulant la garder pour lui. C’est Cyrus qui apporte tout le décalage, et les rebondissements, du scénario. Il est à la fois le fauteur de trouble et la victime expiatoire. Entre lunatisme et violence contenue, il effraie et amène une part d’imprévisibilité qui tend le film vers un déséquilibre salutaire.
Aidé par des dialogues a priori simples et routiniers, mais filmés avec un décalage dans l’image ou énoncé par un ton biaisé, l’œuvre se révèle parfois percutante et drôle. La petite romance impertinente se transforme alors en guerre des mâles, mal dans leur peau. La sincérité de chacun détache l’ensemble du mélo où il aurait pu s’enliser. De plus, l’emprise du fils nous invite à croire que chaque personnage va être piégé : le happy end s’éloigne de séquences en séquences. Cette construction narrative, ponctuée de quelques voix off à la Woody Allen, ajoute à la singularité de l’œuvre.
Cyrus se démarque aussi d’autres films parce que sa mise en scène s’autorise un certain style, qui peut s’avérer aussi agaçant que séduisant. La petite musique sautillante rappelle que nous sommes dans un conte de fée, cruel. Au plus près des réactions humaines, des émotions, la caméra installe une atmosphère mais se concentre sur les êtres.
Surtout, il appuie là où ça fait mal : dire la vérité ou pas. Cela créé des moments très embarrassants, étonnamment perceptibles par le spectateurs, presque interactifs. Là où il y a de la gène, on prend du plaisir. Qu’un film nous mette si facilement mal à l’aise montre à quel oint les vérités, si bonnes soient-elles à dire, ne son pas aisées à accepter. On craint toujours pour les conséquences.
Mais la maturité de Cyrus, le film, et du trio vont permettre d’échapper à un final sordide ou désespérant. Et c’est ce qui nous laisse joyeux après tant de crises sentimentales tortueuses.
vincy
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