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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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The Town
USA / 2010
15.09.2010
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GONE MOVIE GONE
"- J'ai besoin de ton aide. Ne me pose aucune question, on doit aller faire du
mal à quelqu'un.
- On prend quelle voiture ?"
Prenez n'importe quel film de braquage, ajoutez-y une musique tonitruante et
répétitive, imaginez Ben Afflek dans le rôle principal, saupoudrez de
course-poursuites et de dialogues pseudo-romantiques, plongez dans un bain de morale bien pensante et vous tenez The Town, nouvelle incursion de l'acteur derrière la caméra. Tout sarcasme mis à part, le film donne effectivement l'impression de mettre en scène platement une histoire on ne peut plus conventionnelle. Rien n'y manque, du traumatisme d'enfance à l'espoir de rédemption, et même la construction s'avère on ne peut plus classique, enchaînant comme à la parade les étapes incontournables du genre : le premier hold-up est un succès, le deuxième manque d'échouer, le troisième est une catastrophe... et ainsi de suite.
L'ambition de Ben Afflek est apparemment de réaliser un thriller qui ait du coeur et
une âme. Il fait donc la part belle à l'aspect psychologique de l'intrigue, ce qui
se traduit par de nombreuses scènes à tonalité romantique et intimiste (avec la
ravissante Rebecca Hall, entre autres). Le revers de la médaille, c'est que ces
séquences sont systématiquement trop bavardes, cherchant à expliquer ou justifier le comportement de son personnage principal. Surtout, il ne faudrait pas que celui-ci soit perçu comme quelqu'un de "mauvais"... De ce fait, le cinéaste laisse
relativement peu de marge de manoeuvre au spectateur à qui il dicte ce qu'il faut
penser, en faisant de chaque personnage un stéréotype dénué de profondeur ou de
personnalité. Dans les scènes d'action, c'est la même chose. Chaque séquence est si découpée, presque dynamitée, qu'elle ne requiert que passivité du regard. Ça
mitraille dans tous les sens, les pneus crissent sur la chaussée, le sang coule...
et à l'écran, tout est recraché sous la forme d'une succession d'images figées, banales, presque vidées de leur sens.
Comme on ne peut s'empêcher de comparer avec le précédent long métrage du
réalisateur, Gone Baby Gone d'où il se dégageait de la tension et du malaise, on est déçu, peut-être injuste. Car dans le fond The Town répond à une certaine forme de cahier des charges du film de gangster. Un peu comme un pianiste fait ses gammes, se contentant du minimum syndical de la créativité.
MpM (Venise)
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