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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Moi, moche et méchant (Despicable Me)
USA / 2010
06.10.2010
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MINION TOUT PLEIN
«- La vie est pleine de déceptions.»
On peut comprendre le succès de Moi, moche et méchant. Le scénario fonctionne, l’esthétisme n’a rien à envier aux récentes animations de DreamWorks ou autres Âge de glace. Bien sûr, ce n’est pas au niveau d’un Pixar. Les personnages sont attachants, et la morale est sauve : un moche et méchant peut devenir attendrissant et bien plus gentil qu’un autre Lui, fils de et méchant.
On reste cependant étonné de tant de « plagiats ». À croire que les auteurs ont pillé Jimmy Neutron (le côté petits génies), Monster House (la maison inaccessible et comme hantée), Ratatouille (le personnage principal semble être le frère du critique culinaire), Toy Story 2 et 3 (les Minions ne sont finalement que des Squeezes en jaune), Monstres et Cie (un petit cyclope)…
L’originalité n’est donc pas de mise. Mais surtout le contrat que laisse deviner le titre n’est pas respecté. Hormis les vingt premières minutes, le dessin animé est terriblement politiquement correct et si les rebondissements et l’histoire n’étaient pas si efficacement ficelés, on le trouverait presque trop sage pour être honnête. Regrettable car le début du film fait apparaître une vision perfidement critique de la civilisation américaine. Certes, la critique est facile en s’attaquant aux américains obèses, aux enfants-rois infernaux, aux voisins gênants, à cette hypocrisie ambiante.
Alors on rit de découvrir ce personnage mégalo, moche, mesquin, malin, méchant, méprisant et méprisable, bref ce mega–loser qui a perdu un peu la main. De « fails » en « big fails », avec son armée de Minions fanatiques, il se voit dépasser par le fils du banquier des enfers (Lehman Brothers, pour le clin d’œil). La crise touche vraiment tout le monde. L’un vole une Pyramide d’Egypte ? L’autre va vouloir kidnapper la lune. Surenchère puérile mais c’est au niveau de leurs jeux d’enfants, plaisants.
Car tout cela n’est que le résultat de petits traumas de l’enfance. Et en ajoutant trois orphelines dans le scénario, le film prend une tournure plus moraliste et sentimentale, pour ne pas dire culpabilisante. Cela conduira un happy end presque trop « happy » vu les promesses initiales du pitch. Cette surabondance de gentillesse nuit un peu à un ensemble pourtant intéressant.
La parabole sur l’économie libérale, celle qui broie les vieux et qui exigent des résultats toujours plus ambitieux avec des budgets plus restreints ou sans éthique, est sans doute l’aspect le plus payant. D’autant que c’est la formule de la coopérative, où chacun unit ses forces et ses moyens, qui va l’emporter.
Cette proposition « gauchiste » sauve finalement le dessin animé de ses tentations consensuelles.
vincy
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