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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Tout va bien! The Kids are all right (The Kids are All Right)
USA / 2010
06.10.2010
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UNE FAMILLE ORDINAIRE
«- En Argentine, quand on vous apporte un steack, on vous amène la vache vivante sur une assiette. »
Teddy Award à Berlin, The Kids are All Right est un hymne à l’homoparentalité, transformé, ici, en situation la plus banale possible. Deux femmes élèvent deux enfants procréés avec le même sperme d’un mâle inconnu. Celui-ci surgit dans leur vie, leur équilibre. Tout vacille.
N drame plombant ni comédie de genre, le film repose sur des fondamentaux : une bonne histoire, de bons comédiens, un pitch qui s’ouvre à toutes les possibilités.
Si la mise en scène n’a rien d’exceptionnel, elle n’en est pas moins humble et efficace. Elle valorise les personnages et leurs émotions, leurs troubles, leurs doutes. Mention à la grande Annette Bening. Ici, la mère qui porte la culotte : cérébrale mais vulnérable, rationnelle mais à fleur de peau, décideuse mais remplie de doutes. Pour faire de l’ombre à Julianne Moore, il faut un sacré talent. Bening se surpasse dans le rendu des émotions, tandis que Moore sait exactement comment placer sa voix dans les aigus si elle veut trahir son stress. Du bel art.
Les deux ont en commun d’aimer les pornos gays masculin quand elles veulent s’offrir un extra.
Moore hérite du personnage le plus bancal. Fantasque, artiste, intuitive, moins vertébrée, plus sensible et même perméable. C’est à cause de ses frasques avec le géniteur – Mark Ruffalo, qui apporte une forme de masculinité assumée mais séduisante – que le couple lesbien, a priori solide, va s’effriter. On peut s’interroger sur le manque d’imagination des auteurs. Pourquoi avoir créer ce « vaudeville » hétéronormé pour créer une situation dramatique ? Pourquoi une des deux femmes doit absolument s’éclater au lit avec un mec ? Ce détail, non négligeable cependant, pèse sur l’ensemble. Ce qui était gonflé devient classique. Ce qui paraissait militant se mue en un mélo où le mâle reprend (provisoirement) le pouvoir. Bien sûr, cela énervera certains comme d’autres, au contraire y trouveront, par complaisance ?, une norme qui les confortera. Mais, d’un point de vue purement cinématographique, ces séquences semblent hors-sujet, allongeant le film inutilement, nous immergeant dans un univers trop étranger pour nous faire vibrer. Jamais on ne croit à une rupture entre les deux femmes, car, et c’est ce qui est habile, leur couple, si bien écrit, est en soi plus fascinant qu’une partie de jambes en l’air hétérosexuelle.
Cependant The Kids are All Right rebondit sur ses pattes, après ce petit saut dans le vide. Le dîner « familial » est aussi merveilleux que dramatique, subtil que bien construit. De même, les scènes de sexe sont plutôt comiques, à l’inverse de ce que le cinéma américain a l’habitude de produire.
Et c’est sans doute ce qui est le plus réussi : le film est une critique acide de nos comportements bourgeois contemporains. Les produits bios, la tyrannie écolo, le rejet de l’alcool au profit du thé vers, l’interdiction de fumer, la peur des motos. Les dialogues ne ménagent pas la pensée unique et propagandiste d’une certaine morale dîte progressiste. Certes, le recyclage est important, et les vices sont à modérer, mais l’excès nuit en tout. C’est là encore Bening qui étincelle qaund elle chante du Joni Mitchell, rappelant un temps perdu et regretté, qu’elle voit son petit monde « sous contrôle » s‘écrouler. Elle comprend qu’elle ne peut pas tout maîtriser, que tout peut lui échapper. Mais elle transmet aussi ce qui est vital : le plaisir d’exister. Il faut juste trouver l’équilibre entre soi et les autres. A part, les enfants vont très bien. Et c’est ce qu’il faut retenir : l’homme est facultatif, sauf pour donner de son sperme. 60$ le flacon.
vincy
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