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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Sans queue ni tête
France / 2010
29.09.2010
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CECI EST DU PIPEAU
«- On est des pauvres gens, non ?
- J’suis bien payé pour le savoir.
- Moi aussi. »
Il y a des films qui sont ratés. Sur le papier, tout semblait conduire à une œuvre personnelle, potentiellement intrigante, forcément bien interprétée. Et puis les bobines défilent et le spectateur s’enfonce de plus en plus dans son siège : toute tentative échoue à atteindre son but, le film passe à côté de tous ses sujets, et quand un rare moment de plaisir se pointe, il est vite refroidit par une caméra qui ne donne aucun relief à la scène. Au point de paraphraser une phrase du film : « - Fais toi plaisir – évite ce mot là avec moi ». En effet.
Jeanne Labrune en a finit avec ses fantaisies, mais elle ne semble pas plus inspirée par ses drames psychanalytiques. L’intellectualisme du scénario n’est pas seulement vain, il en devient prétentieux tant il est sur-signifiant.
Huppert a beau se mouler dans son personnage, celui-ci est au mieux prévisible, au pire caricatural. Pas une once de dérision, sauf lorsqu’elle se déguise en « manga » écolière pour un client. « ça commence à être limite ». En effet (bis).
Sans queue (le psy) ni tête (la pute) ne parle ni à l’un ni à l’autre. Film froid et impuissant. Chacun a son rituel, chacun gère les névroses des autres, avec leurs moyens.
Oeuvre sur l’échec, un comble, qu’il soit sexuel (débandade) ou psychologique (incapable de résoudre ses problèmes), elle ne fait qu’illustrer les pulsions, les mélanger à un quotidien dépourvu d’intérêt scénaristique. Labrune convoque des personnages déjà vus dans ses précédents films. Mais, dénué de rythme, le film ne fait que les aligner. La cinéaste ne parvient toujours pas à mettre du liant entre ses séquences. Film dépressif, avec une actrice fétichiste (bien mieux utilisée chez Haneke dans le genre) en poupée qui dit oui, et un psy qui fantasme (Lanners, plutôt bouleversant, tendre et touchant), il nous entraîne dans l’ennui le plus comateux.
Seule une séquence sauve l’ensemble : la rencontre dans un bar d’hôtel entre les deux, où l’on s’aperçoit qu’ils font le même métier, où le rapport est l’autre n’est qu’un service facturé, de la même manière. Il y avait quelque chose à creuser dans cette alliance de deux âmes perdues qui n’ont plus le goût du métier.
Dès qu’elle s’essaie à un onirisme qui flirte avec Lynch, alors qu’on se trouvait dans un mauvais Ruiz, Labrune se plante. La partouze géante est trop pudique. Malgré quelques éclats de fiction pure, des personnages étincelants par intermittence, tout s’étire vers une morale angélique, sans foi, ni surmoi.
vincy
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