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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Mange, prie, aime (Eat, Pray, Love)
USA / 2010
22.09.2010
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PARTIR EN TERRES INCONNUES
« - Enfant habité par le démon.
- Il fait ses dents, non ?
- C’est pareil. »
Deux heures vingt. C’est ce qu’on retient. On a beau adorer Julia Roberts, vénérer Javier Bardem, admirer Richard Jenkins, baver devant James Franco et s’exciter devant Luca Argentero, le temps est long.
Ryan Murphy nous avait pourtant habitué à maîtriser le rythme de ses séries TV (les cultes Nip/Tuck et Glee). Le cinéma l’a rendu sirupeux. Le grand écran est devenu un étalage de scènes qui illustrent trop fidèlement le roman adapté. En l’absence de trahison, il a sans doute respecté la Loi de l’écrivain (Elizabeth Gilbert) mais en a oublié l’esprit.
Tout commence avec une prophétie, à Bali, qui tient en cinq minutes, et qui va se réaliser durant tout le reste du film. Aucune surprise, aucun rebondissement. Une errance. Comme un écolier bien appliqué, le réalisateur a divisé son film en quatre parties : New York, Rome (et un peu Naples), l’Inde et Bali. Divorce / Mange / Prie / Aime. Tout est rupture, tout est nourriture, tout est cure, tout est luxure. Quatre films en un, ou presque. A chaque fois deux rencontres : sa meilleure amie et un jeune amant, un bel Italien et une jolie Suédoise, un Texan ex-alcoolo et une Indienne bientôt mariée de force, une guérisseuse et un beau Brésilien.
Ce systématisme assomme. Trop répété pour nous capter. S’il n’y avait pas quelques scènes un peu dynamisées, on s’endormirait sous l’effet des décalages horaires.
Se perdre pour mieux se trouver, certes, mais de là à perdre le spectateur… Sans doute, les clichés produisent aussi l’effet inverse à celui voulu. Chaque destination a été vue dans d’autres films, avec plus de nerfs et de vécu. Trop carte postale, Mange, prie, aime est une caricature de voyages, ponctuée de slogans déjà entendus. Certes, les Américains en prennent un peu pour leur grade avec leur inculture et leur sens du divertissement, qui ne procure pas de plaisir. Mais l’héroïne étant exactement l’inverse, l’exception à la règle ?, la critique est amoindrie.
Trop littéraire, pas assez dramatique, sans aucune volonté de traduire en images des mots racontés en voix off, l’ambition de faire un film singulier s’échoue piteusement à chaque escale. Rome reste une ville de Vespa et de spaghettis. L’Inde garde ses taxis fous et ses saris. L’Indonésie demeure exotique et touristique.
Mais voilà. Tout du long, il y a Julia Roberts. Sa partition lui permet de jouer de toutes ses gammes de jeu. Elle a quelques bonnes phrases qui font sourire, peut faire éclater son sourire légendaire ou verser dans le larmoyant le plus émouvant. Et quand Javier arrive, avec quelques effets et une mélodie brésilienne entêtante, car ce n’est pas n’importe qui, nous entrons dans la seule histoire qui nous intéresse, la seule qui ait une dimension cinématographique, la partie romantique.
Cependant, même là, on ne voit pas vers quel objectif tend Murphy. L’odyssée initiatique (pléonasme ?) n’est pas assez structurée, trop compartimentée pour nous faire palpiter. Film en quatre épisodes, où la morale est bien appuyée ("Perdre l’équilibre par amour fait partie d’une vie équilibrée").
Alors le voyage s’achève. Une barque, une mer chaude. Attraversiamo. Traversons. Mais de l’écran, rien ne transperce.
vincy
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