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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Ao, le dernier néandertal
France / 2010
29.09.2010
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L’ÉTRANGER
«- Tu te crois plus fort que la nature, mais tu es moins qu’une bête. »
Ao, le dernier néandertal aurait pu être un grand documentaire. Mais c’est une fiction. Jacques Malaterre s’est fortement inspiré de La Guerre du feu. Pari audacieux. Dans la première partie, cela ne fonctionne pas du tout. Trop proche du documentaire télévisé qui a fait son succès ("L’odyssée de l’espèce"), il ne parvient pas à donner une dimension cinématographique à son personnage central. La voix off (française) qui masque les gargarismes préhistoriques (inventés) le rend trop intelligent, trop intellectuel, trop évolué. Le contraste avec l’environnement hostile et la bestialité de l’époque.
Une fois son destin scellé – Ao est l’ultime survivant de son clan – nous entrons dans un scénario apocalyptique. Un homme seul au monde. Avec quelques cro-magnons bien sauvages pour le mettre en péril. Historiquement, peu d’éléments sont faux. En effet, le Néandertal était plus « fin », artistique, que le Cro-Magnon, belliqueux mais pas ignorant.
La confrontation des deux « espèces » apporte une dimension plus fictionnelle. Si les pensées intérieures paraissent toujours aussi absurdes, l’action et la barbarie donnent un semblant de réalité. On se retrouve dans un scénario similaire à Avatar : une espèce évoluée, en phase avec la nature, mais proche de l’extinction versus une autre plus brutale et dominante, qui finira par prendre le dessus.
Mais le film nous embarque, enfin, quand Ao, un Néandertal, s’allie avec Aki, une Cro-magnon, pour échapper à cette fatalité. Ao, à la fois atteint par la mort de son clan et hanté par son passé, s'humanise au fur et à mesure de leur fuite transeuropéenne. Aki est une femme déjà moderne, prête à élever son enfant seule, à survivre coûte que coûte. Le duo fonctionne alors à merveille, pour le meilleur, pour le pire, mais jamais dans la facilité. Cette amitié impossible va tisser un lien plus profond, presqu’utopique, pas forcément improbable, un métissage imaginaire, mais attachant. La scène de baise transraciale dans la boue et la rage donne une fougue qui libère le film de ses carcans, et l’emmène dans sa dernière demi-heure dans une allégorie réjouissante.
Mais il aura fallu affronter le froid, surmonter le manque d’émotion, pour parvenir au but : la première famille recomposée et individualiste de l’histoire. Le périple n’était finalement pas si éprouvant. Car le happy end fait oublier le simplisme du scénario et les maladresses de son didactisme.
Il reste quelques belles images qui inventent nos origines et confirment que le darwinisme n’était pas seulement une évolution, mais notre révolution.
vincy
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