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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Réfractaire
Luxembourg / 2010
10.11.2010
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DES MINEURS
"Tu choisis : le front russe ou la mine"
Certains choix n'en sont pas vraiment. Traumatisé par une histoire nationale découverte brutalement à
l'âge de dix ans, le producteur et metteur en scène Nicolas Steil se penche sur un épisode méconnu de
l'histoire luxembourgeoise, celui des réfractaires. Pendant la seconde guerre mondiale, alors que le
pays avait été purement et simplement annexé à l'Allemagne nazie, de nombreux jeunes ont dû se cacher
pour éviter d'être enrôlés de force. Ces "malgré nous" luxembourgeois ont souvent trouvé refuge dans
les parties désaffectées des mines d'argent où ils vivaient reclus, parfois pendant plusieurs années,
dans des conditions terribles d'humidité, de froid et de terreur.
Evidemment, on imagine le potentiel cinématographique d'un tel sujet, à la fois historique et
romanesque, susceptible de déboucher sur un huis clos psychologique haletant. On voit bien aussi les
dérives possibles : traitement spectaculaire, débauche de bons sentiments, outrance. Et finalement,
le résultat est assez éloigné de ces deux extrêmes. Au lieu d'un témoignage aux accents universels,
Nicolas Steil réalise en effet une fiction volontairement romanesque où le contexte historique
semble un simple élément du décor. Ainsi la mine devient un endroit exotique qui génère tensions et
conflits, mais ce n'est plus un lieu d'enfermement absolu. Les "enterrés vivants" en sortent même au
moindre prétexte, de nuit comme de jour, qu'il s'agisse de rejoindre un réseau de résistance ou
d'aller conter fleurette.
Malgré tout, on ressent les effets du confinement sur les hommes : folie, agressivité, mutisme,
méfiance... Mais aussi cloisonnement, car curieusement, le réalisateur insiste plus sur la lutte des
classes attisée par la présence du personnage principal, fils d'ingénieur, que sur la camaraderie
générée par l'expérience de groupe. De la même manière, il esquisse les personnages plus qu'il ne les
ausculte, alignant sans risque un savant mélange de stéréotypes : le communiste, le radical, le joli
coeur... Et au milieu de tout cela, le personnage principal, celui à travers les yeux duquel le
spectateur découvre l'action, et dont le caractère n'est pas encore vraiment défini. Pour ce jeune
bourgeois, devenir réfractaire est une aventure initiatique qui le mène d'un égoïsme buté à
l'altruisme le plus héroïque.
C'est pourquoi on reste partagé par Réfractaire. Dans une certaine mesure, l'approche est originale
et offre une reconstitution historique relativement saisissante, d'autant qu'elle prend sa source
dans des éléments réels et documentés. Mais par ailleurs, la seule reconstitution ne suffit pas à
porter le film, et tout ce qui s'en éloigne lui fait perdre en intensité. On a du mal à croire à
certains rebondissements purement romanesques, de même qu'à l'inconscience du jeune héros, qui
confine par moments à la stupidité. A cause de cela, il est parfois difficile d'entrer dans
l'histoire ou de se passionner pour son intrigue romancée. Paradoxalement, on finit par en vouloir à
Nicolas Steil d'être un peu passé à côté de son sujet initial (le cas particulier du Luxembourg)au
profit d'une énième histoire de bravoure et de résistance sous le joug nazi. MpM
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