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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Date limite (Due Date)
USA / 2010
10.11.2010
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NOT SO BAD TRIP
«- Papa, tu as été comme un père pour moi. »
Buddy Movie et road movie à la fois, Date Limite n’apporte rien de neuf sous le soleil américain. De Midnight Run à Un ticket pour deux, ce Dîner de cons en grande vadrouille a fait les beaux jours de la comédie américaine. Un WASP sérieux avec un fantassin lourdingue, et le choc fait forcément des étincelles, des bourdes. En France, La Chèvre est un sommet du genre. Tous se terminent de la même manière, avec de l’empathie et de la compassion, pour apaiser deux heures de détestation et de tentations meurtrières.
Ici, donc, le désormais bankable et depuis toujours respectable Robert Downey Jr. Incarne ce cadre hyper supérieur, blackberry greffé et sûr de son statut privilégié. Le grain de sable qui va enrayer sa belle machine n’est autre que le comique, mais quand on est gros et barbu, peut-on faire autre chose à Hollywood ?, Zach Galifianakis, qui aime les Very Bad Trip. Le contraste créé le clash.
Ceci dit, ce n’est jamais que la confrontation entre deux Amériques, avant d’être une coexistence imposée entre deux personnalités. Celle des prospères et celle des paumés. Le rêve américain est vécu par l’un, il est l’aspiration de l’autre. C’est ce qui les réunit. Cela n’empêche pas les coups bas, les coups tordus, les coups physiques. Mais la morale sera au rendez-vous et justifiera les moyens pour arriver à cette fin.
Le scénario est efficace. Alternant quelques séquences hilarantes, avec des pauses plus sensibles, des dialogues où la réplique pourrait être issue d’un stand-up et des paysages très platement filmés, Date limite est une comédie plus qu’honorable. En se moquant des paranos et absurdités de la civilisation américaine, notamment le piège du politiquement correct et tout ce qui est relié à la sécurité intérieur, les scénaristes se sont amusés à inventer des situations cocasses. Le liant qui mélange tout cela et doit donner une recette consistante est moins convaincant, car sans doute trop classique.
Et puis n’est pas Blake Edwards qui veut, on reste parfois sur sa faim. Les délires semblent parfois inachevés, n’allant pas au-delà du bout de l’extrême auquel ils sont poussés. Certes, on rit (ou sourit) devant leurs malheurs. Mais pourquoi ne pas pousser le bouchon beaucoup plus loin. Du coup, on prend davantage son pied avec les gags irrévérencieux (enfant infernal mis à terre, cendres du père solubles, vétéran plouc handicapé et adepte de la baston, l’accélération sur les dos d’âne….). Dans l’aspect grossier, Galifianakis marque quelques points (en masturbateur, seul son chien le surpasse). Il en perd tout autant avec son côté précieux inexplicable.
Mais la finesse des profils psychologiques du début s’estompe au profit d’une construction relationnelle sans grand intérêt. La complémentarité façon « Ensemble on pense à tout » est trop consensuelle pour déraper vraiment et rendre le film culte. Le voici donc divertissant, nous entraînant dans cette spirale infernale, qui ne manque pas d’action rocambolesque ni d’autodérision pour les comédiens. Un voyage de cons où étrangement les seconds rôles ne sont que des faire-valoir. Mais Robert Downey Jr, impassible, enragé, propre sur lui, est impeccable d’Atlanta à Los Angeles, dans cet inusable concept du drôle de couple. vincy
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