Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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La famille Jones (The Joneses)


USA / 2010

17.11.2010
 



MIROIR MON BEAU MIROIR





"- Que fait votre mari dans la vie?
- Il travaille surtout à me rendre heureuse.
"

L'illusion du bonheur. La famille Jones est parfaite. Du moins en apparence. Car tout ceci n’est qu’une posture, un plan marketing savamment orchestré par une société aux allures d’organisation toute puissante. Mais pour faire quoi au juste ? Vendre du rêve en boite, à la petite semaine, par la tentation du dernier produit en date ou de celui qu’il faut avoir pour paraître et n’être pas, donc, ringardisé. L’idée est simple : susciter un désir de consommation pour ressembler à cette famille, les Jones, symbole du fameux American Dream ou, des enfants aux parents, de la voiture de sport à la maison huppée décorée avec goût, règne l’harmonie, l’amour, la réussite et l’argent.

Critique en pointillée d’une société bourgeoise, celle des banlieues chics façon <>American Beauty, le film de Derrick Borte se voudrait cynique dans sa critique du modèle consumériste étalé à grands renforts de sourires ultra bright, de parties de golf et de soins esthétiques pour quadra botoxées. Sauf que le film ne dépasse jamais le stade de la satire un peu vaine…

La raison en est simple. Le ton du long-métrage, plus léger que vraiment caustique, surfe abusivement sur ce qu’il dénonce, à savoir l’étalage d’un bonheur illusoire essentiellement matériel, donc superflu. Si nous occultons les scènes d’installation (sympathiques mais inoffensives) et celles, pas assez approfondies, d’un marketing actif très (trop) vite répétitif (les enfants prospectant au lycée, le mari sur les greens et l’épouse dans les salons de beauté), le soufflet retombe bien vite, la critique avec. Comme incapable de sonder au-delà du cercle familial initial, les répercussions comportementales d’une telle approche marketing dans son rapport à la consommation, Derrick Borte se voit contraint de porter l’estocade de l’intérieur. Les doutes, les désirs contradictoires et les luttes intestines vont peu à peu ronger le bon fonctionnement de l’équipe/famille de vente. S’ensuit un cafouillage de sentiments entre la fille nymphomane, le garçon homosexuel, le mari tombant amoureux de l’épouse qui, quant à elle, est avide de réussite. Notre famille modèle ne l’est donc pas mais ne peut pas l’être puisqu’il ne s’agit pas d’une véritable famille.

Ainsi, sans crier gare, et pour légitimer cette implosion en règle, le réalisateur nous sert sur un plateau la deuxième mamelle des Etats-Unis : la morale judéo-chrétienne. Une telle utilisation rend le propos manichéen, la valeur de l’exemple prenant le pas sur celle de l’argumentation. Si Steve Jones (David Duchovny charismatique à souhait mais très proche de son personnage désabusé dans Californication) représente le « caillou » moral d’une consommation de masse pourtant étalée sans aucun recul cinématographique, Kate Jones (Demi Moore parfaite dans son rôle de chef de clan) sert de parfait petit soldat à la solde du vilain capitalisme. Un peu léger, n’est-ce pas ? En agissant de la sorte, le cinéaste nous dit que la vraie vie est ailleurs et certainement pas autour cette mascarade du bonheur parfait. Il tranche dans le vif, ne laisse aucun doute, n’arrive pas à se départir d’une morale bon ton ou la culpabilité se place au côté du remords. Il manque à cette Famille Jones une intrusion dans la vie « réelle », loin de ce village doré, sucré, pailleté se caricaturant lui-même.
 
geoffroy

 
 
 
 

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