Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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Mother and Child


USA / 2010

17.11.2010
 



SI LES MÈRES POUVAIENT PARLER





«- Tu as tendance à ne pas voir le danger. »

Mother and Child traite du thème éculé de la maternité et de la filiation. Abandon d’un enfant arrivé prématurément dans la vie d’une adolescente. Adoption désirée pour un couple qui ne peut pas en avoir. Refus de tomber enceinte afin de profiter d’une vie à soi. Les trois destins, qui vont s’entremêler sur la fin, avaient tout pour donner un film puissant, et pas forcément conformiste. Hélas, Rodrigo Garcia est tenté par une rupture au milieu du film. La gravité soudaine dramatise le récit et plombe l’atmosphère. Le scénario s’égare dans un pathos censé nous émouvoir. À ce mélo, s’ajoute aussi une moralisation judéo-chrétienne qui rend l’ensemble finalement conventionnel et politiquement correct.

Et pourtant. Avec ses trois actrices, impeccables, Annette Bening, Naomi Watts et Kerry Washington, le réalisateur commençait son film pieds sur l’accélérateur : un découpage habile, rythmé, des personnages qui ne cherchaient pas l’empathie du spectateur, des séquences prenant souvent le contrepieds de ce que l’on attend. Cette franchise, dans le ton et le style, séduit. Portraits de femmes qui ne sont pas très diplomates et s’accrochent à leur caractère, féministe, indépendant et sincère.
La première ne prend pas de gants avec les gens et sacrifie son bonheur personnel en s’occupant de sa mère. La deuxème, carriériste, baise tout ce qui bouge. La troisième chouchoute son mari en prenant soin de demander des nouvelles de sa queue, ne croit pas en Dieu et ne sait pas mentir. Trois profils pas très en phase avec l’Amérique conservatrice. Mais le film va les remettre sur le droit chemin. L’église va sauver celle qui ne croit pas, la science ne pourra rien faire pour celle qui a été trop libre et égoïste, et enfin la mort de la mère et l’arrivée d’un mari changera profondément celle qui était associale. Alleluiah !

Les saynètes enlevées, parfois drôles, souvent cinglantes, font place à des plans complaisants, lourds, appuyés. Les hommes s’en tirent bien – Samuel L. Kackson a rarement été aussi subtil et élégant – mais sont vite effacés. La maternité reste une question de femmes, même s’ils résistent à ce diktat. Le script bascule surtout dans un mauvais soap où l’enjeu est de savoir si la mère et la fille vont se retrouver. Le twist imaginé, ans doute pour se la jouer malin, ne fonctionne pas, et pire, cette partie évince l’un des personnages principaux, celui de Kerry Washington. Sn histoire, pas assez présente, trop à l’écart, en fait finalement une greffe qui a mal pris, un ajout qui ne rajoute rien.

Là où l’on aurait pu s’attendre à un discours sur la famille dans toute sa diversité, cela devient un dogme sur la famille traditionnelle. La religion et la compassion s’invitent dans la trame : une aveugle et une croyante illuminée, en plus d’une responsable d’un couvent, aideront ces femmes à se trouver. Le film s’étire, nous échappe. Et nous laisse les yeux secs. Il n’y a rien de pire pour un spectateur : le faire passer du plaisir à l’apathie, en moins de deux heures.
 
vincy

 
 
 
 

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