Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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Quartier lointain


France / 2010

24.11.2010
 



SE SOUVENIRS DES (MOINS) BELLES CHOSES





« - Au prochain arrêt, je pourrai revenir en arrière.»

« Je ne me doutais pas de l’étrange aventure qui m’attendait. C’était une journée comme les autres »… Ainsi commence Quartier Lointain. L’éloignement n’est pas géographique mais temporel. Un coin de cerveau, une saison de l’enfance. L’adaptation du manga de Jirô Taniguchi devient une transposition française. Singulier mais pas plus insolite que Canet adaptant Coben ou Lartigau transposant Kennedy. En revanche, c’est sans doute beaucoup plus casse gueule. Car le Manga a une narration spécifique, un dessin épuré, une poésie propre (n’en déplaise aux intellos et autres snobs).
Sam Garbarski, réalisateur sans frontières (né en Allemagne, belge, ayant tourné au Royaume Uni), l’a donc tiré à ses propres thèmes : la famille. Il inscrit son fim dans une chronique douce amère provinciale dans des années 60 idéalisées.
Ce retour dans le passé est porté, au présent, par Pascal Greggory, mélancolique, absent, perdu dans cette bourgade autrefois prospère et aujourd’hui à l’abandon. Le temps qui passe… Et l’impossibilité de changer le cours des événements passés.

Belle de jour est alors à l’affiche. Un professeur peut fumer dans une classe. Il a 14 ans et revit non pas un jour sans fin mais une adolescence dont il connaît la fin. Avec sa conscience d’adulte, invisible dans sa famille quand il a cinquante ans, invisible dans son passé dans son corps d’enfant, le personnage donne tout l’aspect intriguant du film.
Mais la fable tourne vite à la simple illustration d’un naufrage familial déjà vue. Père et mère sont des taiseux, un brin caricaturaux, dont on a du mal à percevoir les intentions qui conduiront au drame. Le portrait des collégiens semble plus juste : branlette entre potes, clopes et verres d’alcool, érection gênante devant une fille, situation surréaliste où le jeune ado appelle sa future femme, alors gamine bretonne qui ignore tout de lui… On retrouve le charme de ce ton banalisant tout acte décalé, à l’instar de son précédent film, Irina Palm, princesse des masturbations. Mais ici l’atmosphère est bucolique plus que poisseuse.

Le message, par conséquent, est un peu bancal, aloudit par cet angélisme qui nous fait revisiter nos souvenirs. « J’ai toujours fait ce qu’il fallait faire mais je n’ai jamais choisi ». Deux hommes qui voulaient vivre leur vie. Tel est la signification de ce flash-back qui sert de mise au point, de remise en question pour le personnage principal. Il essaie de comprendre pourquoi son père a quitté le domicile conjugual, entraînant la perte de sa mère. Sans se rendre compte qu’il a, malgré tout, concrétisé tous ses rêves. Le happy end n’est pas trop forcé. Ce qui est plutôt salutaire tant on avait peur de voir des retrouvailles à l’américaine, un changement de vie improbable. L’épilogue fait un joli clin d’œil à son matériau originel, la bande dessinée.
Mais si Quartier Lointain est un ensemble composé de jolies bulles nostalgiques, il manque quelques cases pour lui donner une originalité propre, ou une grâce particulière. Quelque chose qui nous happe puisque la vie de cet homme qui s’ennuie dans sa vie n’attire aucune complainte tant il semble avoir tout réussit. Heureusement, l’histoire se laisse regarder, le récit est plaisant, et les décors (Nantua dans l’Ain) presque dépaysants. La musique du groupe AIR nous fait planer. On en ressort oxygéné mais pas comblé.
 
vincy

 
 
 
 

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