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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Megamind
USA / 2010
15.12.2010
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MOI, BLEU ET MÉCHANT
«- Être méchant c’était ma destinée.»
DreamWorks a un problème. Leurs dessins animés sont divertissants, clairement efficaces, mais l’absence d’originalité, de style, de profondeur ne permet pas au studio de se distinguer du modèle Pixar ni même des productions rivales. Megamind apparaît ainsi comme une déclinaison de Moi, Moche et Méchant.
Le héros est donc un anti-héros. Un extraterrestre bleu, comme les Schtroumpfs, avec une tête de supergénie, comme ceux de Mars Attacks. Comme « être héros, c’est naze », il n’est pas gentil, il n’est pas beau, il se veut méchant. Mais si, ici, il n’y a aucun enfant pour l’attendrir, une femme déviera son destin en le faisant tomber amoureux.
Cette guerre des méchants, sachant que le superhéros sympathique a disparu dès le début du film, n’est hélas pas très féroce. Dans la logique qui dicte l’animation grand public américaine, les scénaristes ne veulent pas plomber le moral avec trop de cynisme : un méchant, ça doit devenir doux, généreux, altruiste, héroïque, sauveur de la planète. S’il est méchant, ce n’est pas de sa faute, c’est la société qui l’a rendu comme ça. Principe "Rousseauiste" synthétisé sans demi mesure.
Il ne peut pas y avoir un méchant qui gagne en Amérique. Soit le méchant perd, soit il n’est plus méchant. Brebis galeuse certes, mais pour devenir respectable à la fin. Certes, Dreamworks n’a pas perdu de son envie de faire rire, en se moquant notamment de la vénération pour les superhéros., en osant l’usage du hard rock dans un film familial. Le film use et abuse du décalage (caustique) de ce glorieux « loser » qui échoue tout ce qu’il entreprend. Sorte de Coyote à qui il manque un bip bip pour s’amuser. « À quoi ça sert d’être méchant quand aucun gentil ne vient vous arrêter ? » Le mode binaire persiste dans l’imaginaire des Américains.
Aussi, il créé son Frankenstein. Mais ce « nouveau méchant » est trop bête, moche et méchant pour nous intéresser. « La ville est » peut-être « trop petite pour deux super méchants » mais le spectateur lui se désintéresse de cet affrontement un peu puéril, pour ne pas dire atone.
Finalement, c’est un twist au deux tiers du film qui nous remet dans le bain, après une demi heure sans grand intérêt, qui succédait à une première demi heure très convenue. Les répliques sont meilleures, l’action est plus trépidante, le scénario, classique, s’efface au profit d’un ton plus gothique que héroïque.
Mais les références restent limitées. Le « You know I’m Bad » de Michael Jackson est attendu et il arrive. La 3D ne va pas jusqu’au bout de ses possibilités. Il y avait tellement de potentiel avec ce méchant peu habitué aux réactions ou sentiments positifs! Hélas, Megamind est un produit industriel qui a oublié la dimension humaine que chaque dessin animé doit porter pour être universel, et passionnant. vincy
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