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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Holiday
France / 2010
08.12.2010
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LE CRIME D'UN WEEK-END EXPRESS
«- C’est quoi votre clientèle en ce moment ?
- Des hors-saison, comme vous.»
Avec le générique, on est en territoire familier. Du vieux papier peint, des coulées de sperme, du sang, des mouches, des pilules, des magots… Guillaume Nicloux et ses polars sordides… Mais on n’y est pas du tout. Le cinéaste a gardé son envie des meurtres inexplicables en y insufflant un ton nouveau. Celui de la comédie, certes décalée.
Le réalisateur s’est amusé à transposer une de ses affreuses histoires, dépeignant l’horreur humaine et son mal être, dans un film policier et plus polissé, à la Agatha Christie. Huis-clos inclus. On est aux limites du pastiche. Quand le flic convoque tous les clients de l’hôtel pour révéler l’auteur du crime, on se croirait dans un Hercule Poirot.
Cette figure de style légère séduira, ou pas. En se moquant ainsi des enquêtes policières à la française (celles de la télé, comme celles que Pascal Thomas a revisité avec Catherine Frot), il laissera quelques spectateurs sur le carreau. Les autres s’emballeront tant les personnages sont plus loufoques les uns que les autres ; et force est de compatir avec ce pauvre Darroussin, aussi paumé que paniqué devant les désastreux événements de ce week-end : une femme frigide qui s’éclate avec les doigts d’un inconnu, une belle mère dépressive qui se fait sauter par un proxénète bien foutu, une voisine de chambre qui est retrouvée pendue, une femme de ménage qui voit des Atlantes partout, un détective privé qui a un sérieux problème de dentition, un adjoint au commissaire qui frappe avant de causer, un nain et sa femme qui pratiquent l’échangisme… Bienvenue chez les fous.
Pourtant, rien de plus normal que ces petites misères humaines. Même le crime est banal. Mais Nicloux, pour une fois, ne cherche pas à compliquer sa trame, et à nous perdre. Il ridiculise sans se forcer le processus d’enquête. Holiday est avant tout le cauchemar d’un homme qui a hâte de fuir tous les pièges qui lui sont tendus. Sa vie bascule, il vacille, mais il tient bon. Le plus drôle viendra de la révélation de l’auteur du crime, de la prétention du commissaire, et du rebondissement final dont on ne dira rien. Habile retournement qui montre à quel point les gens se mentent mais surtout que la vérité reste un mystère opaque mais aussi qu’une série de coïncidence peut conduire à une interprétation fausse et que l’évidence n’est jamais si … évidente. Comme ils sont tous minables, le cinéaste a beau jeu de les manipuler et de les confronter à leur destin pitoyable.
iA l'ombre de Chabrol
Avec des dialogues bien mis en bouche et qui font mouche, une musique presque folklorique du doué Julien Doré, et un château hôtel en construction, Nicloux impose un univers de déclin, pour ne pas dire d'une fin de civilisation. On y nique mal ou en débauche. On y boit mal ou pour fuir le réel. On y dort mal, sauf avec des pilules. On se drogue à la nouveauté sans réfléchir au rationnel.
Tous cette « loose » en font un objet filmique mal identifié mais drôle, au second degré. Cocasse jusqu’au bout, il ne faut rien prendre au sérieux,. Il y a un hommage indirect à Chabrol, sa vision presque cynique de la Province et de ses secrets inavouables, de cette classe moyenne hypocrite et peu morale. Nicloux a mis du miel dans son vinaigre, du sexe dans ses mobiles, du rire jaune dans ses histoires noires. Sa réalisation et sa direction artistique n’ont pas changé : toujours aussi minutieuses. Seul le rythme s’est assagit. Mais là aussi, il a pris du recul par rapport à son propre travail en se moquant de son sens du cadrage, jouant comme un gamin avec les artifices habituels de la mise en scène. Nicloux montre qu’il peut librement s’ouvrir à d’autres genres. Une belle promesse. Sauf s’il est persécuté par des producteurs chassant les Atlantes.
vincy
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