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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Everyone Else (Alle Anderen)
Allemagne / 2009
08.12.2010
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L'AVIS DES AUTRES
"- Tu me trouves viril?
-Oui... tu me fais rire avec tes questions !"
Gitti et Chris sont en vacances en Sardaigne. On a en même temps beaucoup et peu d’informations sur eux. Ils ont trente ans, Chris est architecte et Gitti, attachée de presse pour une grande maison de disque. Ils sont allemands et passent leurs vacances dans la maison des parents de Chris. Tous ces petits détails, en apparence insignifiants, plantent en réalité le décor.
Au départ, on les voit évoluer seuls, dans cette maison. Ils se cherchent, se taquinent, se réprimandent et s’aiment. La personnalité du couple évolue sous nos yeux au fil des situations : ils gardent la nièce de Chris, ils parlent de sexualité, de leur avenir professionnel, se cachent de leur voisin et font les courses au supermarché local. On devine que Chris doute de lui et qu'il a encore des choses à se prouver sur le plan professionnel. Gitti hésite entre le materner et le laisser prendre ses propres décisions.
La mise en scène est très belle. On a l'impression que les acteurs, Birgit Minichmayr et Lars Edinger (tous deux très bons), qui semblent être l'improvisation totale, sans être dans le n'importe quoi, forment un couple est crédible, ce ne sont pas des stars, seulement deux trentenaires en vacances qui sont dans le creux de la vague. On pense à 2 Days in Paris de Julie Delpy, en moins comique, plus sérieux. Ce huis clos serait même un peu trop étouffant si les deux personnages ne rencontraient un autre couple en vacances et commençaient à passer quelques soirées avec eux.
Sana et son Hans, interprétés respectivement par Nicole Marischka et Hans-Jochen Wagner, donnent l'image du couple parfait. Ils sont amoureux et ils le montrent ostensiblement. Ils réussissent socialement dans la vie et attendent un enfant. Chacun est à sa place, Sana ne se met pas trop en avant et Hans joue parfaitement son rôle d’époux protecteur, paternalisant et macho.
Le fait de côtoyer ce couple, si différent d'eux et si conventionnel, dans lequel chacun est à sa place, met en branle l’équilibre déjà fragile de celui de Chris et Gitti. Ils vont se chercher, changer de dynamique dans leur couple, pour au final tenter de se rassurer. Mais cela ne va pas fonctionner. Parce qu'aimer, c'est accepter l'autre tel qu'il est, avec toutes les difficultés que cela engendre.
La réalisatrice, Maren Ade, nous montre aussi qu'être en couple, cela veut dire douter de soi, de l'autre, c'est parfois se leurrer et chercher à se définir dans ce que l’autre reflète de soi. Le film ne cherche pas de morale, de solution et la fin reste très ouverte. Maren Ade a cherché le vraisemblable, ce qui nous laisse parfois un peu sur notre faim, alors que le film encaisse quelques longueurs (1h59 min), mais ce n’est pas désagréable. Il illustre en tout cas bien son propos : qu'en amour, il n'y a pas de recette qui marche, mais des gens qui croient détenir la réalité.
Sarah
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