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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Le directeur des ressources humaines (Le voyage du directeur des ressources humaines - The Human Resources Manager)
Israël / 2009
15.12.2010
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ENTERREMENT DE VIE DE CON
«- Yulia était un emploi temporaire. Je les licencie quand je veux. »
Les temps modernes sont toujours d’actualité. Pléonasme ? Si l’on fait référence au film de Chaplin, on aurait pu croire que le progrès ait amélioré la condition humaine du travailleur. Or, désormais, même les pains sont faits à la chaine. Exploitation de la levure par les machines. Ils sont pétris, secoués, balancés, cuits… comme les hommes.
Le directeur des ressources humaines est le titre du film, le principal personnage et finalement le message du film : est-il possible de diriger des ressources humaines ? Il subit tout, encaisse tout, se fait piétiner par tous : son pays, en état d’alerte permanent, qui ne laisse jamais en paix, sa femme et sa fille, avec lesquelles ils tentent de recoller les morceaux d’une vie de VRP qui a brisé les liens, sa patronne, qui le manipule, un journaliste qui s’amuse de lui à ses dépens, une morte qui l’oblige à aller jusqu’en Roumanie, terre glaciale, rurale et hostile.
Du coup son calvaire fait escale aux enfers : un bunker antinucléaire, des mètres sous le sol, où il tombe gravement malade, au point de dormir deux jours. On ne peut pas faire plus révélateur : le corps exprime mieux que quiconque les douleurs intérieures. Il en naîtra nouvel homme.
C’est un voyage au sens initiatique. Ce qui ne l’empêche pas d’être drôle grâce à quelques absurdités, des personnages parfois ahuris, en retrait par rapport à des événements pourtant tragiques ou comiques. Dans ce trou perdu de la Roumanie, le cadre israélien va retrouver ce qu’il a perdu :’ l’humanité. Cette société déshumanisée dont il est l’un des rouages incarnera son antéchrist à travers un adolescent en colère, en manque d’amour.
Cette défunte roumaine est finalement le déclic. Mais le film se transforme vite en « cercueil road movie ». Avec élégance, et non sans fluidité, la mise en scène fait quelques étapes très variées. On échoue dans le burlesque ou au contraire l’échange, peu bavard, plus psychologique. La fin ira d’ailleurs dans le sens espéré : dénuée de sens, mais dans la bonne voie, avec cette touche d’humour si particulier au réalisateur, qui se régale à se moquer des petits travers de la vie.
Cela ne l’empêche pas de filmer quelques plans très cinématographiques. Le tank Tiger 2 l’aide beaucoup à habiter son image. Mais surtout, les comédiens la remplissent de leur regard perdu, comme échappé d’un musée des horreurs.
S’il ne veut plus être directeur, cet être humain ne manque plus de ressources pour affronter son destin. Et envoyer balader les petits pains.
vincy
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