Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



Ailleurs
Calamity, une enfance de Martha Jane Cannary
Effacer l'historique
Ema
Enorme
La daronne
Lux Æterna
Peninsula
Petit pays
Rocks
Tenet
Un pays qui se tient sage



J'ai perdu mon corps
Les misérables
The Irishman
Marriage Story
Les filles du Docteur March
L'extraordinaire voyage de Marona
1917
Jojo Rabbit
L'odyssée de Choum
La dernière vie de Simon
Notre-Dame du Nil
Uncut Gems
Un divan à Tunis
Le cas Richard Jewell
Dark Waters
La communion



Les deux papes
Les siffleurs
Les enfants du temps
Je ne rêve que de vous
La Llorana
Scandale
Bad Boys For Life
Cuban Network
La Voie de la justice
Les traducteurs
Revenir
Un jour si blanc
Birds of Prey et la fantabuleuse histoire de Harley Quinn
La fille au bracelet
Jinpa, un conte tibétain
L'appel de la forêt
Lettre à Franco
Wet Season
Judy
Lara Jenkins
En avant
De Gaulle






 (c) Ecran Noir 96 - 24


  



Donnez votre avis...


Nombre de votes : 16

 
Les émotifs anonymes


France / 2010

22.12.2010
 



CENT PEURS ET SANS PROCHES

Le livre Bye Bye Bahia



"- J’ai peur.
- de quoi ?
- d’à peu près tout.
"

Cinéphiles, anonymes ou non, précipitez-vous devant cette jolie comédie colorée et fine où les timides, les hyper-émotifs et les maladroits de la vie prennent enfin leur revanche après des siècles d’oubli ou de moqueries. Cette fois, ce sont eux les héros, et ils démontrent avec brio que ce trop plein d’émotions qui les encombre peut aussi se transformer en une formidable énergie.

D’un point de vue purement cinématographique, c’est bien sûr un excellent ressort comique et dramaturgique, dans la mesure où les personnages sont leurs propres ennemis, posant eux-mêmes les barrières qui les séparent du bonheur. C’est ainsi pour Jean-Pierre Améris l’occasion de détourner mille petites situations du quotidien (un entretien d’embauche, un premier rendez-vous, une conversation entre collègues…) qui, vécues avec la perception particulière des personnages, peuvent tourner au cauchemar. Et si l’on rit (souvent, et de bon cœur), c’est que leurs maladresses et leurs peurs font étrangement écho aux nôtres. Qui n’a jamais été à cours de sujet de conversation lors d’un calamiteux dîner en tête à tête ? Qui n’a jamais bredouillé des paroles incompréhensibles à un moment-clef de sa vie ?

La force du récit repose sur une grande simplicité dans la construction et le déroulement de l’intrigue. Chaque face à face entre les deux protagonistes permet ainsi de faire progresser l’histoire tandis que les réunions des émotifs anonymes et les séances chez le psy sont l’occasion de connaître l’évolution des sentiments de chacun. Ces deux types de séquences se répondent d’un bout à l’autre du film, montrant parfois l’adéquation et souvent l’opposition entre ce que les deux héros souhaitent ou éprouvent, et la manière dont ils agissent en réalité. Toute la tension des personnages (entre leur désir d’exister pleinement et leur peur de le faire) est de ce fait perceptible sans avoir besoin d’être clairement exprimée.

L’écriture subtile de Jean-Pierre Améris vient par ailleurs renforcer la légèreté pétillante des situations. On sent affleurer à maintes reprises l’amour que le réalisateur porte au cinéma en général et à la comédie romantique en particulier, notamment dans ses choix esthétiques quasi atemporels. Même ses personnages semblent un peu d’un autre temps, lunaires et désuets, incarnés à la perfection par Isabelle Carré (que l’on croirait tout droit sortie d’un film de Howard Hawks) et Benoit Poelvoerde, qui a brutalement un petit quelque chose de Cary Grant et James Stewart. Lorsqu’il dit avec une sincérité désarmante, "Je n’ai pas de problème avec les femmes. Elles me terrorisent, c’est tout.", on est tout simplement sous le charme. C’est là le meilleur atout du film : faire naître l’émotion derrière la fantaisie et la légèreté, ce qui est le secret des comédies réussies. Merci pour le chocolat.
 
MpM

 
 
 
 

haut