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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Nos résistances
France / 2010
05.01.11
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L'ENVERS DU DEVOIR
"Elle est là, notre résistance. Toute petite, elle vacille."
Tout sera-t-il un jour dit sur la seconde guerre mondiale ? Après des années de films de guerre, de documentaires et même de comédies, le conflit le plus marquant du 20e siècle devient depuis peu l'occasion de parler autrement d'une période qui cristallise en elle tout le spectre des sentiments humains. Il ne s'agit alors plus tant de rendre hommage aux héros du passé ou de témoigner d'une époque donnée que de s'en servir comme révélateur de troubles universels et sans âge : le difficile passage à l'âge adulte, la perte de l'innocence, la nécessité de prendre ses responsabilités ou de choisir son camp...
Quelques mois après Réfractaire de Nicolas Steil, qui présentait le cas de jeunes Luxembourgeois terrés dans les mines d'argent du pays pour échapper à une mobilisation sur le Front russe, Romain Cogitore s'intéresse ainsi à son tour au cas particulier de très jeunes hommes ayant rejoint le maquis non par conviction mais dans le but d'échapper au STO. Affamés et désoeuvrés, ces adolescents figurent une résistance de pacotille, inconsciente des dangers, menée tant bien que mal par des chefs inconscients ou à demi-fous. La guerre, ici, n'est ni noble ni esthétique, et en guise d'effets spéciaux et d'actions héroïques, on a droit à une opération à la fourchette et au canif sur une jambe sanguignolente... Carrément gore, et filmé avec une dérision inattendue !
D'une manière générale, Romain Cogitore s'attarde sans complaisance sur le quotidien des maquisards : conditions de fortune, entraînement sommaire, rivalités et brimades... On n'y retrouve ni la solidarité ni l'entraide qui, dans nos esprits, devraient être le moteur de la résistance. Et même les moments de "convivialité" (un repas, un match de foot) tournent court. En revanche, ce qui passionne ces apprentis-soldats, c'est la sexualité. Ils semblent même ne vivre que pour ça, se raccrochant maladroitement aux pulsions les plus primaires de leur organisme. Un fois encore, ce point sensible est traité avec un mélange d'humour (grâce à Ficelle, l'amoureux transi) et de gravité qui rend tangible l'obsession de François, le jeune héros, à rejoindre sa petite amie coûte que coûte. Malgré la guerre, la peur et la mort qui rôde, il faut bien qu'adolescence se passe !
C'est pourquoi la guerre s'avère finalement l'expérience idéale pour faire entrer François dans cet âge adulte auquel il aspire. Moins pour ce qu'elle lui apporte comme expérience que pour ce qu'elle lui révèle sur ses congégères et sur lui-même. Pour lui, d'ailleurs, la transition entre insouciance et prise de conscience va de pair avec celle qui lui permet de passer des pulsions brutes aux actes réfléchis. Métaphoriquement, c'est ce combat qui s'avère le plus difficile à gagner. Mais une fois l'innocence et les idéaux remplacés par le sens des responsabilités, une fois le traumatisme intégré, François entre de plein pied dans la maturité. A ce prix-là, sa vie, en effet, peut commencer.
MpM
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