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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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The Green Hornet 3D (Le frelon vert)
USA / 2011
12.01.2011
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UN HÉROS PLEIN DE PIQUANT
"Rien ne sert de vouloir si tu échoues toujours !"
Les super héros ont le blues. A force de se succéder sur nos écrans, Iron Man, Wolverine et autres X-Men finissent par tourner en rond. Pire, ils se font voler la vedette par de petits jeunes néophytes qui n’ont même pas le moindre super-pouvoir à leur actif. Ainsi, après Kick-Ass, voici le "frelon vert", justicier masqué qui n’est rien sans son ami et chauffeur Kato. Sorte de fils à papa pleurnichard et trop gâté, ce héros-là est à la fois en quête de reconnaissance paternelle, de respect de la part de ses ennemis et d’estime de soi.
Le masque et le costume en guise de thérapie, rien de nouveau sous le soleil, si ce n’est que dans ce cas précis, il ne faut surtout rien prendre au sérieux : l’inévitable traumatisme d’enfance est une blague, les motivations du personnage sont de la fumisterie et sa tactique digne d’un enfant de huit ans. Seth Rogen (co-scénariste et co-producteur exécutif) s’est écrit un rôle sur mesure, pas si éloigné de ceux qui l’ont fait connaître, notamment dans les comédies de Judd Apatow. Bien sûr, il en fait parfois des tonnes, et tout le film est écrit comme une grosse comédie potache, mais le fait est que ça fonctionne !
Sans aucun effet révolutionnaire (ne parlons pas de la 3D, plus inexistante que jamais), Michel Gondry livre en effet une sympathique comédie d’action qui tient toutes ses promesses pour ce qui est du divertissement. Cela tient à un scénario qui fait la part belle aux seconds rôles (notamment le grand méchant du film, l’irrésistible Christoph Waltz, qui apporte finesse et ironie à l’histoire ; mais aussi le caméo offert par James Franco, épatant en donneur de leçons à côté de la plaque) et à une intrigue construite sur plusieurs niveaux (la mise au point du concept du "Frelon vert", l’évolution des relations entre Kato et Reid). Sans oublier le ton ludique du film qui joue à fond la carte de l’auto-dérision.
Par ailleurs, le merveilleux réalisateur de Be kind rewind ou d’Eternal sunshine of a spotless mind met son inventivité et sa créativité au service d’une mise en scène qui fait plus qu’assurer le service minimum. Cela donne quelques bonnes idées lors des scènes de combat (notamment lors de la première intervention de Kato) et une véritable fluidité dans l’agencement des séquences.
Loin du surdécoupage qui nuit bien souvent à la compréhension des scènes, Michel Gondry privilégie les plans larges et les mouvements de caméra qui permettent au spectateur de toujours comprendre où en est l’action. Ainsi, au lieu d’accumuler les prouesses techniques, il met l’accent sur un savoir-faire presque artisanal (on est loin des films suédés, quand même !) en préférant les trucages au moment du tournage plutôt que les effets visuels a posteriori. On sent d’ailleurs tout au long du film un désir de s’extraire du "sur-spectaculaire" qui est désormais la norme dans les films de super héros (avec ce que cela suppose de surenchère). Au contraire, le film reste dans une esthétique atemporelle, presque enfantine, où le jeu des acteurs l’emporte sur les explosions et les fusillades.
De ce fait, on ne peut pas dire que ce Frelon vert soit un film ultra-personnel ou réinvente le genre, mais la pierre qu’il apporte à l’édifice des films de super-héros se démarque intelligemment de ses semblables. L’idée d’un super-héros tripartite (l’apparence, les muscles, le cerveau) est par exemple exploitée avec intelligence et humour. Là où les autres sauvent le monde à grands fracas, le frelon vert donne une vision plus idéaliste du concept de super-héroïsme… et relance la réflexion sur les pouvoirs et les responsabilités tout en se moquant gentiment de ses confrères.
Finalement, si ce premier volet ronronne un peu, du fait des incontournables scènes d’exposition, il donne très envie de découvrir ce que pourrait être la suite, justement débarrassée de ces passages obligés. Confronté à un nouveau grand méchant d’envergure, et surtout pas guéri de sa maladresse originelle, le trio qui compose le frelon vert pourrait à nouveau venir aiguillonner notre plaisir de spectateur.
MpM
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