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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Harry Brown
/ 2009
12.01.2011
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HARRY, UN AMI QUI VOUS VEUT DU BIEN ?
« - Pour eux là-dehors, c’est juste un jeu »
Harry Brown se présente très rapidement comme un western urbain des temps modernes - la dernière scène dans le pub fait d’ailleurs penser à une fusillade dans un vieux saloon du Far-West. On est vite plongé au coeur de la réalité crue et cruelle de la violence que le réalisateur ne cherche pas à encourager mais qu’il souhaite simplement mettre en lumière. Entre Dirty Harry et un polar de série B avec Charles Bronson.
Le réalisateur, Daniel Barber, se penche alors sur la misère sociale et le désoeuvrement de cette jeunesse anglaise (mais vision universelle?) et sur la violence gratuite que cela entraîne. Comme le dit si bien le personnage de Harry Brown, aujourd’hui on ne se bat plus pour des idées mais juste pour tuer le temps, frimer devant les copains et devant les filles, faire le dur. Tout cela est devenu un jeu, un jeu des plus dangereux.
Harry Brown, magnifiquement interprété par un Michael Caine à la fois sobre, mécanique mais aussi très touchant, est d’une autre génération. Ancien marine, veuf, il fait preuve d’une certaine discipline. Et lorsque son seul ami se fait tuer par les jeunes de la cité, il décide alors de rendre justice lui-même et de venger son ami. Alfred, le majordorme de la plus célèbre chauve-souris se transforme donc lui-même en justicier masqué.
Malgré une certaine force qui se dégage de Harry Brown, le film a tout de même un bémol qui réside dans le point de vue adopté et ressenti par le spectateur qui ne semble pas véritablement collé avec le message que souhaite faire passer le réalisateur. On a le sentiment de ne vivre et de ne voir les événements que par les yeux de Harry sans que le spectateur ne puisse jamais véritablement avoir le point de vue des jeunes. Leur comportement est certes inexcusable mais il a des causes, des sources, qu’il ne faut ni négliger ni omettre si l’on veut qu’un jour le problème puisse trouver une solution, à savoir comment enrayer cette spirale de violence qui ne fait que s’amplifier ?
Le film fait alors le constat d’un échec d’éducation, de la famille, des pouvoirs publics... mais n’expose et n’explique en rien les raisons de ces échecs.
Le film pose également une autre question, comment une personne lambda (ici Harry) peut arriver à faire sortir de lui une telle violence? Qu’est-ce qui peut pousser tout être humain à vouloir se rendre justice lui-même ? Mais aussi, comment en est-on arrivé à de telles extrémités ?
Malheureusement pour ce film fort et qui frappe juste sur la vision d’ensemble, le réalisateur ne place sa caméra que d’un seul point de vue et omet de nous soumettre celui de l’autre partie. Le film s’en trouve quelque peu biaisé et dans un sens, le spectateur se sent un peu floué. Le constat est certes dur mais réaliste, malheureusement il manque certaines nuances à Harry Brown pour convaincre pleinement. morgane
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