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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Au-delà (Hereafter)
USA / 2010
19.01.2011
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JE CROIS AUX FORCES DE L’ESPRIT
«- Le paranormal pour moi, c’était pipeau et compagnie »
Après l’Afrique d’Invictus, qui ne nous avait pas convaincus, voici le « film européen » (c’est lui qui l’affirme de Clint Eastwood. Hormis les deux tiers du film qui se déroule sur le Vieux Continent, la production est bien américaine dans son style comme dans son propos. Au-Delà est à la fois une œuvre évoquant le surnaturel et les émotions intimes face à la mort. Autant dire un film crépusculaire, hélas maladroit, voire un peu raté.
Bien sûr Clint Eastwood est faillible, comme Woody Allen ou Martin Scorsese. Mais de là à nous ennuyer avec une trame scénaristique qui ne passionne jamais le spectateur et à nous infliger le son le plus pourri qu’on ait entendu pour une production de ce calibre, il y a des limites.
On comprend bien ce qui a pu plaire à Eastwood : l’universalisme de la douleur du deuil, le défi de la mort (thème récurrent ces dernières années mais « Une vie consacrée à la mort ce n’est pas une vie » Mister Eastwood !), les rédemptions de personnages déterminés. Mais, on comprends moins bien son intérêt pour les hasards et les coïncidences à la Lelouch, les histoires de fantômes des séries B hollywoodiennes (si peu imaginatives dans ce film), et les atermoiements de trois égarés presque autistes. Derrière ce minimalisme, il déploie de grands moyens : un tsunami impressionnant et captivant (quoique : certains effets visuels trahissent l’image de synthèse), une foire du livre à Londres reconstituée avec 275 figurants, une explosion de métro surprenante … Paradoxalement, mais ça n’étonnera aucun fan du Maître, c’est dans les séquences les plus sobres qu’il livre son meilleur savoir-faire : de l’accident du jumeau à Londres à la scène de rupture parisienne, en passant par toute la partie de San Francisco, où Matt Damon excelle.
Trop occidental, pas assez métissé, Au-delà est cosmopolite mais caricatural : San Francisco et ses prolétaires (qui prennent des cours de cuisine italienne), Londres et ses précaires, Paris et ses restaurants chics. Le médium cherche à vivre pour lui, la survivante tente d’aller jusqu’au bout de son expérience en l’analysant, le jumeau en vie est en quête de son autre moitié. Il faudra attendre la dernière demi heure pour que ces trois destins se croisent. Mais l’alternance systématique des personnages (Paris / San Francisco / Londres), et souvent leur manque de vivacité, nous ont déjà perdus. Et l’enchaînement final, assez lent, est tellement convenu qu’on ne s’y intéresse déjà plus. Les liens ne se font pas. Il s’agirait presque de trois films juxtaposés, et inégaux, autour d’une même thématique. Mitterrand aurait même pu être utilisé pour sa phrase célèbre sur les esprits, mais le film en manque cruellement, d’esprit, et l’ancien Président ne devient qu’un prétexte sur lequel on s’apesantit étrangement.
Il faut une bombe pour interrompre toute cette perte de rythme. Mais cela ne suffira jamais à résoudre cette absence d’alchimie. Sans doute parce que les trois personnages étaient trop solitaires et qu’Eastwood n’est jamais parvenu à homogénéiser et synthétiser son histoire. Au point que ce dialogue avec les morts devient un monologue entre créatures fictives. Le spectateur peut ressentir une grande émotion à être en contact avec un au-delà. La philosophie, plutôt optimiste, aurait même du nous engaillardir. Mais Au-delà nous plonge dans une torpeur. On attend encore le grand film contemporain sur l’au-delà après le maladroit mais charmant Always, le mélo surfait Ghost, le lourdingue Vanilla Sky, le kitsch Lovely Bones ou le sirupeux esthétisant Au-delà de nos rêves. Il reste The Others, d’Amenabar, le délirant Beetlejuice de Burton ou le classique Heaven Can Wait. Clairement Au-delà n’est pas de ceux-là.
vincy
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