|
Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
|
|
|
|
|
From Hell
USA / 2001
30.01.02
|
|
|
|
|
|
HIT THE ROAD JACK
" Depuis quand êtes-vous à la chasse au dragon inspecteur ?"
Il n'est pas une année sans que les grands studios ne s'emploient à dépoussiérer une des grandes figures du folklore fantastique. On remarquera ces derniers temps que tous les réalisateurs semblent avoir de bons arguments pour nous raconter des histoires qui sont déjà des classiques archi connus. Les visions changent, les sciences et les techniques avancent et les mentalités progressent, on se dit par conséquent qu'on peut rendre plus crédibles à l'écran certaines chimères de notre mythologie. Après Dracula, la Momie, Frankenstein, Dr Jeckill et Mr Hyde, le Loup Garou, … revoici Jack l'éventreur, qui s'il puise ses racines dans la réalité a rejoint aussi le panthéon des vilains anthologiques fictionnels à force de faire travailler notre imagination. Les frères Hugues passionnés par le cas Jack et autres tueurs en série depuis l'âge de 7 ans (!!), entassent depuis des années toutes sortes de documents relatifs au criminel. Ils ont donc décidé de tenter aujourd'hui d'apporter la version cinéma la plus crédible du mythe (On pensait pourtant tout savoir après la mouture TV "Jack the Ripper" de 88 avec Michael Caine…) et d'en accentuer le caractère social qui en nourrit la source.
Soyons clair de prime abord, on ne retrouvera pas dans From hell la complexité de la bande dessinée célèbre et primée, dont les réalisateurs disent s'être inspirés. Le traitement est ici beaucoup plus simpliste, plus hollywoodien, moins célinien. La reconstitution minutieuse, elle, est bien là, au centimètre près dans les entailles laissées sur les corps des victimes. Fini le cliché des brumes des bas fonds de Londres, les rues ont été fidèlement rendues telles qu'elles étaient en cet automne 1888. On veut bien croire les frangins qui vont jusqu'à se faire pédagogues "à la Alain Decaux". En ce temps là, les prostituées dormaient assises et attachées sur des bancs de location, ne pouvant s'offrir une chambre. La séquence est forte mais reste anecdotique car trop démonstrative comme le serait une leçon grave assenée dans un contexte mal choisi. Certes les faits sont rassemblés à l'écran, mais ils ne sont pas forcément au service du récit et tombent souvent à plat. Les frères Hugues ont eu la bonne idée de miser aussi sur le casting, les dialogues ne se veulent pas accessoires par rapport à l'action comme dans bon nombre de productions américaines d'envergure. Hélas, à cause d'une direction d'acteur hésitante, les comédiens ne parviennent pas à donner de véritable dimension à leur personnage et ce malgré l'application investie dans le rendu des accents locaux. Seul Ian Holm, impeccable en toute circonstance, tire son épingle du jeu. Johnny Depp nous refait le coup de l'investigateur un peu dépassé par les événement de La Neuvième porte ou de Sleepy Hollow. Il reste un interprète limité dans son jeu lorsque son personnage ne lui permet pas de déraper dans l'extrème.
L'enquête menant au complot, on ne sait si les frères Hugues auront réussi à faire éclater la vérité. Selon certains l'histoire n'est plus un mystère depuis longtemps. On appréciera le côté revendicatif des réalisateurs contre l'intelligencia, on regrettera leur indécision dans le traitement. Quittant parfois la rigueur du témoignage historique auquel ils se vantent d'être très attachés, pour renouer peut-être avec le comic d'origine, ils semblent soudain fortement loucher vers la culture clipesque plus tape à l'oeil, au travers de scènes oniriques ou monochromes saturées et pas trop à propos dans leur modernisme ni dans leur esthétique. Idem, ils nous assènent les inévitables scènes choc communes à tout film d'épouvante de façon absolument gratuite et hors contexte (la scène grotesque du cercueil qui s'ouvre lors de l'enterrement).
Malgré les efforts louables de reconstitution - trop encombrants ? - de la paire Hugues, le manque de maitrise narratif empêche hélas From hell de s'imposer comme l'œuvre définitive sur le thème de l'éventreur british et finit par se cantonner à n'être qu'une adaptation réactualisée du mythe, trop maladroite pour être véritablement marquante.
- PETSSSsss petsss
|
|
|