Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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Largo Winch II (Largo Winch 2)


France / 2011

16.02.2011
 



LARGO LARGUÉ





« - Tout ça c’est de votre faute. Vous n’avez pas arrêté de oser des questions désagréables.
- C’est un métier. Je suis journaliste.
»

Le premier épisode de Largo Winch nous avait agréablement surpris : la production pourtant française flirtait avec les équivalents anglo-saxons, autant dans l’action que dans le rythme. La Bande dessinée n’avait pas été trop trahie. Le choix de Tomer Sisley s’avérait plutôt malin.
Il y avait donc tout à espérer de la suite. Hélas, les scénaristes se sont fourvoyés. Les deux tomes de la BD dont ils se sont inspirés ne deviennent qu’un matériau de base lointain. Ils s’en éloignent tant que l’essence même des Largo Winch se dilue dans un mélodrame sans intérêt, au milieu d’un suspens capitalistique et de quelques scènes d’action efficaces. Largo Winch II prend tant ses distances avec la série de Van Hamme et Francq qu’on n’y retrouve plus le plaisir des aventures de ce magnat "new age". Deux choix artistiques démontrent cet échec.

Le premier est d’avoir voulu dramatiser le rôle de Sisley. Non seulement son histoire d’amour (et ses conséquences sentimentales) ne parvient jamais à trouver sa place dans le complot dont il est victime, malgré des liens entre les deux affaires, mais surtout elle révèle les limites d’un comédien, aussi peu à l’aise avec un bambin dans les bras qu’à exprimer une souffrance face à la mort d’un proche.
Or, ces séquences « personnelles » prennent beaucoup de place dans le film, déséquilibrant le rythme et l’enjeu du script. Non seulement, nous n’y croyons jamais, mais en plus, le manque de chair et de larmes accentuent l’artificalité du film. Cet aspect factice, c’est-à-dire esthétique mais sans âme, semble là aussi la limite du cinéma de Jérôme Salle, qui n’arrive jamais à nous faire ressentir la moindre émotion.

Si cet objectif de vouloir donner de la profondeur à Largo Winch faillit, que dire du second choix : le personnage du meilleur ami du milliardaire, Simon Ovronnaz. Non pas qu'Olivier Barthélémy soit mauvais, mais pourquoi en avoir fait un imbécile dévirilisé pas vraiment comique, bref un boulet à la Bourvil ? On est loin de l’héroïque jeune turc au passé sulfureux imaginé par les auteurs de la BD. Cette option aurait pu être défendable si le scénario ne l’avait pas réduit à un souci supplémentaire pour Winch, et l’avait rendu plus utile et complémentaire.
Par conséquent, le film s’égare dans la comédie, le mélo, l’action, le thriller. Heureusement, certains éléments le sauvent du naufrage : Sharon Stone et Laurent Terzieff en premier lieu. La première, un peu vieillie, assure son rôle de guest-star sans complexe, jouant de son image (et des clichés qui vont avec). On pourra regretter sa sous-utilisation, notamment lors du final. Le second, qui trouve ici son dernier rôle au cinéma puisqu’il est mort depuis, n’a pas besoin de pousser très loin son jeu pour surclasser tout le monde. Il hérite d’ailleurs du personnage le plus ambivalent, le plus intéressant, avec cet honorable notable beaucoup moins généreux qu’il n’y paraît.

Ajoutons aussi l’action, à la James Bond. Quand elle se présente, elle nous fait oublier tous les défauts du film. Sans être épatante, elle divertit. Course-poursuite façon Carmageddon, explosions, combats d’arts martiaux (la scène de la douche est mille fois inférieure à celle de Jason Bourne à Tangers), bataille aérienne en chute libre (belle prouesse visuelle) final hitchockien avec son escalier en spirale, des sueurs froides et une blonde menacée (un peu expédié) : le cinéaste n’a pas lésiné dans les paysages exotiques et les gros moyens.
Mais c’est inquiétant de sortir d’un film de ce genre et de ne retenir que les scènes digressives du majordome Gauthier, complètement décalées, humoristiques à souhait. La prestation de Nicolas Vaudé vaut le détour. Typiquement le second rôle qui prend de l’ampleur pour combler un vide, à l’instar d’un Scratch dans L’âge de glace.

Reconnaissons enfin le soin apporté par le cinéaste pour la direction visuelle, des flash infos aux lettrages reprenant la calligraphie issue des pays traversés (Hong Kong, Suisse, Thaïlande, Birmanie, ex-URSS…).
Mais pourquoi nous ennuyer avec une séquence de famille heureuse sur une jonque, pourquoi cadrer aussi mal certains corps à corps, pourquoi nous infliger une histoire romanesque si clichée quand le vrai sujet est davantage d’être un héritier et un décideur dans un monde de requins qui se veut moral ?
A trop sortir des rails, Largo Winch a fait une sortie de route dans ce deuxième épisode. Il lui aurait fallu plus de personnalité, et sans doute, conserver davantage de l’ADN de la BD pour nous emballer.
 
vincy

 
 
 
 

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