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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Rio sex comedy (Rio sex comedy)
France / 2011
23.02.2011
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Rio à tous les étages
"Je n'ai pas peur de dealer. J'ai dealé un peu quand j'étais au lycée."
Rio Sex Comedy se passe au Brésil. Précisément à Rio de Janeiro, ville des merveilles ouverte, dit-on, aux fantasmes les plus fous. Surtout pour nous, occidentaux. L’image est d’Épinal, les réalités quelque peu différentes. La nuance est à préciser. Mais pourtant rien n’y fait, même sous le regard du réalisateur de Mondovino.
Le décor semblait pourtant tout trouvé pour y distiller plusieurs histoires censées aborder différentes thématiques de façon aussi frontale qu’absurde. L’un ne va pas sans l’autre, d’où le titre, la comédie prenant le pas sur l’ancrage sociologique des situations proposées. En effet, Nossiter entremêle, surtout au début, séquences de fiction et scènes de témoignages, accordant au film un ton un peu flou, jamais très grave ni fortement dénonciateur. Tout au plus impertinent, voire moqueur. Le cinéaste « ethnocentrise » son/ses propos, faisant de Rio une terre d’expériences sensorielles, d’essais avortés, de revendications mal assumées ou encore de quêtes identitaires personnelles contrariées. Ainsi les questions liées à la liberté, à la sexualité, au culte du corps ou au droit à la sécurité répondent à celles de la morale, de la fidélité, des responsabilités et du devoir. Mais à trop vouloir tout brasser, Nossiter éparpille ses thématiques par personnage, survole l’ensemble pour ne garder qu’une atmosphère délétère, presque inoffensive, tant la fantaisie prend le dessus sur l’aspect sociopolitique d’une réalité tangible.
Le réalisateur ne s’en cache pas, y façonne même son leitmotiv narratif, comme en témoignent les pas de danse d’une Charlotte Rampling voguant à contresens d’un métier qui ne connaît pas la crise. Etre un chirurgien esthétique et dissuader ses patients de se faire opérer sans raison apparente, s’apparente justement à un délit de facilité. Tout comme cet ambassadeur américain (incarné par un Bill Pullman très juste) qui n’assume pas sa fonction et préfère se réfugier dans plusieurs favelas. La situation est cocasse. Elle ne va pas plus loin malgré les séquences décalées, mais un peu vaines tout de même, d’ONG improvisées à la recherche de financement. Chaque situation renvoie à une problématique réelle hélas diluée par le ton volontairement léger, pour ne pas dire naïf, du film. Il n’y a qu’à voir le traitement des populations indiennes pour se dire que Nossiter nous a concocté une bulle de savon digne des plus belles telenovelas.
La surprise, car surprise il y a, vient du trio amoureux entre Irène, son mari et son ami photographe venu l’aider à réaliser un documentaire anthropologique. La fantaisie calculée des autres histoires fait place, ici, à la comédie humaine. La vraie. Enfin immergés, nous goûtons à ce Rio fascinant, sorte de lampe grossissante d’un Brésil pratiquant le grand écart avec une certaine maestria. Les fêlures humaines se révèlent dans ce paradis perdu. La tension est palpable, le réalisme social aussi, les contradictions encore plus. Nossiter nous touche parce qu’il n’essaie plus de juger, de faire rire ou de mettre en perspective. Il s’abandonne comme son Irène coupable seulement de se laisser aller à la passion amoureuse. Et puis la routine reprend ses droits. Les stéréotypes avec.
Mais peut-être que Sex Rio Comedy n’est qu’un attrape nigaud censé nous démontrer que les clichés ont décidément la vie dure.
geoffroy
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