Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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Fighter (The fighter)


USA / 2010

09.03.2011
 



DEUX FRERES

Le livre Bye Bye Bahia



"Ne critique pas ma famille !"

Fighter ressemble aux canons habituels de ces films tirés d’une histoire vraie si prisés de l’autre côté de l’atlantique. Tout y passe : univers du sport et de la boxe en particulier, destin tourmenté entre deux frères qu’un même combat réuni, fond social saturé, importance des valeurs familiales… Rien n’est laissé au hasard comme en témoigne l’utilisation, plutôt inspirée, d’une caméra convoquant habilement les valeurs d’une Amérique prête à pardonner ou à laisser une seconde chance. La spécificité de Fighter est là ; sa réussite aussi. Car le « héros » de l’histoire n’est pas celui que l’on pense. Du moins au départ. Non pas qu’il passe à la trappe (il est même essentiel), mais les regards ne peuvent se détacher du demi-frère, Dicky Elkund, ancienne gloire locale de la boxe pour avoir mis au tapis un certain champion du monde Sugar Ray Léonard. Son parcours, entre réussite et décadence (il devient un fumeur de crack invétéré) offre un point d’équilibre au film si fragile que celui-ci en devient palpitant. L’ascension de Micky Ward (incarné par un Mark Whalberg plutôt convaincant) n’en sera que plus louable, à défaut d’être flamboyante.

Au-delà du caractère radiographique esquissé par le cinéaste, Fighter joue de cette ambiguïté de destins pour nous offrir un personnage en or, interprété magistralement par un Christian Bale encore une fois méconnaissable physiquement. L’oscar du meilleur second rôle récompense sa prestation et valide, en quelque sorte, le scénario d’un film qui, ne l’oublions pas, fut un temps développé par Darren Aronovsky. D’ailleurs les ressemblances avec the Wrestler ressortent aisément sans pour autant disqualifier l’ouvrage de Davis O. Russell. Le cinéaste est talentueux et a su relever le défi. Sa qualité de direction d’acteurs fait le reste. Tout sonne vrai, sans faute de goût, ni pathos prononcé. Le mixte d’une réalisation surfant entre aspect documentaire d’un documentaire sur Dick Lund et son addiction et celle, plus fictionnelle, d’une ascension houleuse vers la gloire de tous ces sportifs sur le tard achève de faire de Fighter l’archétype du long-métrage dense, carré, immersif et solide visuellement.

Dans ce rêve américain parfois un peu glauque tout revient inéluctablement vers Elkund. Si ce rêve existe, il se forge souvent par la force des poings. La case enfer en option. Dans ce cas, le personnage interprété par Bale en est le représentant idéal tant il est déchiré par l’ivresse d’un talent qu’il ne peut canaliser. Dès lors rien n’empêche d’y intégrer son demi-frère, sourire serré, gueule renfrognée, à l’attitude plus discrète mais pas moins volontaire. Ainsi le duo fonctionne malgré les conflits qu’ils arriveront à surmonter. Inséparables, ils bravent les épreuves, les amertumes et les coups du sort. Fighter se construit autour de cette relation exclusive à l’ancrage social supplantant, à bien des égards, l’aspect purement sportif du film. Néanmoins cette dimension n’est pas sacrifiée. Elle est même plutôt bien filmée. Presque en dedans comme si le parcours des deux frères se suffisait à lui-même.

David O. Russell n’a pas botté en touche et nous livre un film plus inventif qu’il n’y paraît. Le classicisme apparent renforce l’âpreté d’un destin commun rendu, par moment, bouleversant. Certains pourront renâcler à l’idée d’assister, encore une fois, à un sujet abordé à de maintes reprises. Ce serait oublier l’essentiel. En effet, le réalisateur parle de souffrance (celle de la vie et celle de la boxe) comme un long et silencieux cri vers un ailleurs possible. Ce faisant, il rend à Micky Ward le bénéfice du doute. Ce faisant, il nous donne envie de l’accompagner dans sa quête, simple, de boxeur aspirant à la reconnaissance du travail bien fait. Avec les sacrifices, les douleurs et les joies – mêmes éphémères – que cela entraîne.
 
Geoffroy

 
 
 
 

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