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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Ma compagne de nuit
France / 2010
23.03.2011
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HORS LA VIE
Isabelle Brocard réalise un premier film sur le fil qui cherche à tout prix à éviter le pathos. Peut-être trop, d'ailleurs. Car son sujet est si difficile et si périlleux (la fin de vie) qu'elle s'interdit presque toute émotion et prive de ce fait le film de chair et de corps. Ainsi on ne sent pas les liens se nouer entre la malade et son aide à domicile, comme si la réalisatrice avait préféré cet entre-deux timide à tout risque de superficialité, voire d'artifice.
Les deux femmes ne deviennent donc ni amies, ni vraiment proches. C'est au contraire entre elles une alternance de brusqueries et de rebuffades qui laissent peu de place à autre chose. On a même le sentiment que le film a peu à raconter. Placée du point de vue de la mourante, la narration hiberne, s'attachant à de petites choses : une voix amie qui surgit dans la nuit, le plaisir du soleil sur la peau, une cigarette. Les scènes se succèdent et le temps passe sans autre enjeu ou intérêt que la vie même, cette vie qui s'éteint pour l'une et continue pour l'autre.
Tout le film repose d'ailleurs sur l'antagonisme entre ses deux personnages et les actrices qui les portent. Emmanuelle Béart (habitée par le rôle) se met en danger, squelettique, hargneuse, presque horripilante. Face à elle, Hafsia Herzi n'est pas plus avenante. Elle a beau représenter symboliquement la vie par opposition à l'agonie et à la mort, sa jeunesse, sa vigueur et son appétit pour les plaisirs de la chair ne semblent pas la combler. Sans doute fallait-il que ces deux destins se rencontrent pour qu'ils s'apaisent l'un l'autre.
Ce qui met peut-être le plus mal à l'aise, au-delà du sujet, difficile à appréhender pour la plupart, c'est que le film ne cherche à aucun moment à être aimable. Il n'épargne rien de l'âpreté de cette agonie, de la déchéance physique, morale et sociale qui l'accompagne. Même les réactions de l'entourage sont terribles : qu'il s'agisse de pitié, de douleur extrême ou de déni, rien n'aide la malade. Personne n'est capable de trouver la bonne distance, probablement parce qu'il n'y en a pas.
Malheureusement, c'est aussi vrai en partie pour la réalisatrice qui se place souvent trop en retrait, n'osant pas prendre à bras le corps son sujet, et laissant le spectateur désemparé face à une œuvre aux intentions fortes mais inaboutie.
MpM
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