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Une affiche avec Nicolas Cage énervé qui conduit une bagnole à toute vitesse avec une blonde à côté de lui ? Aucun doute que dans Hell Driver 3D, il doit y avoir des poursuites et de la bagarre, ça doit tirer de partout et exploser. L’histoire à vrai dire ce n’est peut-être pas tellement importante : un méchant est poursuivi par Nicolas Cage qui lui-même est poursuivi par un autre méchant. Qu’est-ce qui sépare un film de série B qui se regarde avec plaisir d’un nanar qui se laisse voir sans entrain ?
Patrick Luissier est un de ces artisans de l’ombre qui veulent leur place au soleil, il est devenu réalisateur après une longue expérience comme monteur de films. C’est un collaborateur fidèle de Wes Craven, il a appris à tirer le meilleur parti de scènes pas très bien tournées pour les mettre en valeur de manière très efficace. Patrick Luissier prend ses ailes avec Dracula 2001 et décolle vraiment avec Meurtres à la Saint-Valentin 3D qui rencontre un certain succès (plus de 100 millions de dollars de recette dans le monde). Il veut alors réaliser, toujours en 3D, un film d’action totalement décomplexé. Il dispose en fait de la plupart des ingrédients pour y parvenir : un scénario avec quelques surprises, un casting bien trouvé avec en vedette l'ex grand acteur mais toujours bankable Nicolas Cage, des caméras 3D avec des objets en reliefs à envoyer en travers de l’écran vers le spectateur. Mais la recette ne suffit pas : Hell Driver 3D n'est pas ce qu’il aurait pu être.
« C’est déjà l’enfer sur Terre. »
Le casting est assez malin : Billy Burke en méchant et Amber Heard en pin-up de de service. Las, Billy Burke joue un fanatique religieux à la tête d’une secte assez peu crédible, et Amber Heard a beau bien porter le short court et avoir son petit caractère, son charme n’a pas beaucoup d’effet. La bonne surprise vient de William Fichtner qui en habitué des seconds rôles campe ici un autre méchant avec une prestance proche d’un Christopher Walken.
Le cas de la star du film Nicolas Cage est plus délicat. Il joue avec son image de vilain dur au cœur tendre, et même avec ses cheveux (sujet de plaisanterie à chacun de ses films). Il semble s’autoparodier maladroitement, jouant en mode pilotage automatique sans vraiment y croire. Il encaisse le chèque. Il faut dire qu’il n’est pas aidé par ses dialogues (d’ailleurs réduits au minimum) ni par son costume intégral cuir digne d’un Terminator.
Bien sût, on peut le prendre au énième degré du fun : le pistolet du héros est unique, une bimbo de passage est complètement nue, un mec se fait empalé la tête de manière grotesque, le nom du bar c’est le ‘bull by the balls’, et (pour les plus attentifs) le capitaine de police apparaît la première fois avec un tshirt de spoilers… Il y a une générosité dans le troisième degré qui vire au faussement cool (Nicolas Cage entre les jambes d’une serveuse nue tire sur une dizaine d’assaillants, Amber Heard allume mais sans commettre le pêché de chair) : ouf, malgré tout la morale reste sauve.
Hell Driver 3D n’a pas été gonflé après coup en 3D mais il a été tourné directement avec ce genre de caméra, et certaines scènes ont été réglées exprès pour un effet spécial en relief. Cette troisième dimension donne de la profondeur de champs en particulier pour les séquences en intérieur. Les différents niveaux (premier plan, second plan, arrière plan…) font mieux apprécier l’espace. Les bagarres peuvent alors montrer des éclats projetés en direction du spectateur, les quelques plans avec le trajet au ralenti d’une balle de pistolet sont plutôt bien réussis, mais si banals. Si les lieux gagnent une certaine spatialisation il n’en n’est malheureusement pas de même pour les véhicules. Dans Hell Driver 3D, il y a bien quelques voitures sympas mais elles roulent d’un endroit à un autre, le film manque cruellement de poursuite et de cascade automobile. Où est la scène spectaculaire de bagnoles en 3D ?
Avec un titre pareil, Hell Driver 3D aurait dû surtout impressionner avec des voitures qui foncent et de la 3D qui défonce, et là ça dérape. Le film tient la route tout de même avec sa volonté de séduire avec son univers régressif.
Tout comme ses voitures, le film manque de vitesse et surtout manque d’accélération. Hell Driver 3D démarre fort mais explose ses meilleures scènes avant la moitié du film. Quand l’excitation retombe avant d’avoir pleinement savouré le plaisir… Point mort.
Kristofy
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