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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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The Company Men
USA / 2011
30.03.2011
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CSP -
Suivre la trajectoire de plusieurs personnages confrontés à un même évènement – la crise financière de 2008 – afin d’en décortiquer les conséquences socio-économiques est un procédé assez classique du cinéma américain. Ici, l’humain devient le vecteur d’une narration resserrée occultant, presque par principe, les mécanismes et autres variables d’ajustement de la dite crise. Ce qui importe ? Figer par l’exemple individuel les émotions et réactions de salariés sacrifiés par des firmes beaucoup plus soucieuses de leurs actionnaires. Rien de plus.
Ceux-ci, des cols blancs se retrouvant face à la réalité d’un marché de l’emploi en berne, façonnent a contrario le rêve déchu d’une Amérique incapable de reclasser ses cadres supérieurs. John Wells dresse un constat amer mais vain. Il nivelle son discours, faisant de la crise un fléau frappant sans distinction toutes les catégories sociales. Qu’il soit vice président d’un grand groupe industriel ou bien jeune cadre dynamique zélé.
Habitué au format des séries TV à succès du type « Urgences », « New York 911 », « A la Maison Blanche » ou encore « China Beach », le réalisateur a bien du mal à tracer une ligne conductrice claire digne d’intérêt. Le film est trop morcelé, chaque protagoniste étant condamné à nous jouer une partition prédéfinie. Si John Wells livre un film sérieux plutôt bien interprété, il ne va pas à l’essentiel, abuse de l’aphorisme et, défaut de débutant, caractérise l’ensemble par une bonne dose de (sur)démonstration. Si nous sommes loin des films sociaux tendance Ken Loach, l’analyse par l’exemple aurait pu tirer Company Men du côté des réalisations d’un Franck Capra. D’ailleurs le personnage interprété par Ben Affleck n’est pas si loin de celui joué, jadis, par un certain James Stewart. La révolte idéaliste en moins.
Company Men n’est pas un mauvais film. Il a même des choses à dire. Sauf qu’il s’inscrit dans la mouvance de ces pseudo-films indépendants sans saveur ni personnalité. Interchangeable en quelque sorte. La trajectoire de ces cadres demeure trop cloisonnée pour susciter une quelconque empathie. Seuls McClary (Tommy Lee Jones, impeccable) et Phil Woodward (Chris Cooper, lui aussi impeccable) esquissent par bribes le propos du cinéaste. Ils sont la mémoire bientôt éteinte d’une Amérique industrielle broyée par la puissance du capital. Deux mondes se chevauchent ; deux conceptions s’affrontent. L’ancien, vacillant, est en passe d’être terrassé par le nouveau pourtant bien fragile.
L’ambiguïté du film réside là, au travers cette passation de pouvoir entre des bâtisseurs de rêves à l’ancrage social bien réel et des investisseurs flous affolés par la mécanique de la rentabilité. La lutte n’aura pas lieu puisqu’à trop vouloir brasser d’éléments le réalisateur finit par n’en traiter aucun. Il ne botte pas en touche, il manque l’essai. De peu et de loin. Suffisamment en tout cas pour nous laisser un goût d’inachevé.
Geoffroy
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