Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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Essential Killing


/ 2010

06.04.2011
 



LES ÉGARÉS





Si les années de contestation de la politique américaine du président Bush sont déjà de l’histoire ancienne pour Hollywood, ce n’est pas pour autant que certains faits dénoncés (beaucoup dans les journaux, peu dans des films) ne sont plus d’actualité. La présence de bases américaines secrètes en Europe a été plusieurs fois évoquée. Le film Détention Secrète avec Jake Gyllenhaal avait déjà choisi l’angle du drame humain avec une personne innocente détenue et torturée. Le polonais Jerzy Skolimowski est lui aussi du côté du drame humain en suivant le parcours d’un prisonnier, mais il choisi de s’éloigner le plus possible de la politique ou d’une romance pour se rapprocher surtout de l’homme, de l’homme pourchassé. Bref, il en a fait une proie, un animal en quête de survie.

Essential Killing raconte l’histoire d’un supposé taliban en Afghanistan qui est capturé par des soldats américains, et qui est déporté vers une base de la CIA cachée en Pologne. C’est du moins ce que l’évidence impose mais à aucun moment Jerzy Skolimowski n’indiquera si l’homme est suspect de quoi que ce soit ou si c’est juste un quidam capturé au hasard, on apprendra juste son prénom Mohammed. Le film oppose deux mondes où le personnage est toujours seul, les chaudes montagnes afghanes et la glaciale forêt polonaise, et l’un comme l’autre sont désertiques. On découvre un Vincent Gallo la barbe hirsute qui est identifié comme un présumé terroriste par une patrouille américaine qui le poursuit. Essential Killing montre un homme arraché à son pays qui se retrouve seul en terrain étranger. La première partie du film (capture, évasion) est d’une fluidité parfaite, dans la seconde (errance, rencontres fortuites), Jerzy Skolimowski s’égare malheureusement avec quelques flash-backs malvenus et quelques scènes gratuites. Tout le long du film le réalisateur tend vers une abstraction aussi bien narrative que formelle. Il n’y a quasiment aucun dialogue mais que des sons, la caméra filme le personnage soit de très près en gros plan soit de très loin isolé dans le paysage.

Ce minimalisme nous raconte une histoire de survie avant tout autre considération. Un dépouillement inhabituel que l’on ne peut s’empêcher, sinon d’apprécier, de remarquer : le film a remporté un prix spécial du jury à Venise (et un prix d’interprétation pour Vincent Gallo) et aussi quatre Aigles (les Césars polonais, dont meilleur film et meilleur réalisateur). C’est cet homme pourchassé qui lutte pour survivre qui tient l’histoire de bout en bout, le film repose beaucoup sur la performance de Vincent Gallo. L’acteur trouve là un rôle qui demande beaucoup de dévotion au projet et d’implication physique (courir pieds nus dans la neige, manger des fourmis…). Vincent Gallo est ainsi presque continuellement seul et filmé de très près, les difficultés de son errance (peur, désespoir, dépassement de soi…) passent surtout par les expressions de son visage. L’acteur qui aime les projets "borderline" trouve ici la place idéale pour jouer de son animalité instinctive, ce qui convient d’ailleurs idéalement à cette lutte instinctive. Essential Killing s’évade en tout cas des sentiers battus pour divaguer vers un but inconnu, mais l’essentiel reste l’épreuve du voyage.
 
Kristofy

 
 
 
 

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